Cet album est bien plus qu’une simple œuvre musicale : c’est une traversée de l’âme haïtienne, un chant profond puisé dans les racines de Ginen.
À travers ses morceaux, il mêle douleur ancestrale et espoir vivant, spiritualité du vodou et réalité sociale, mémoire enchaînée et voix libérée. Chaque note, chaque mot, chaque cri, chaque souffle porte l’écho d’un peuple debout malgré les tempêtes. C’est une invitation à écouter autrement : avec le cœur, la mémoire et l’esprit.
L’album comprend 18 morceaux, mêlant mémoire historique, culture ginen et messages de conscience sociale. Plusieurs collaborations sont présentes avec des artistes tels que Fantom, Maître JB Assani, Wadner Peyizan, Fran G., Phat Do, Don MX, Sakad Vatikan, entre autres.
L’album semble viser à éveiller les consciences autour de l’héritage de l’esclavage, de l’identité noire et de la résistance culturelle à travers l’art et la spiritualité. Des titres comme “Vwa Ginen, “Bèl Manbo », “Sou wou m Konte » « Hello », Sovaj » Granadye et autres mettent en valeur l’importance des loas, du Vodou, des femmes et de la lutte du peuple de Ginen.
Entre mémoire, spiritualité et révolte douce, cet album s’impose comme un véritable cri d’âme. À travers des rythmes enracinés et des paroles habitées, il nous entraîne au cœur de l’identité haïtienne, là où les esprits veillent, où les ancêtres murmurent, et où la musique devient offrande et résistance. NEG de Zoegar Wata pourrait être considéré comme l’Ainsi parla l’oncle l’œuvre du géant Jean Price Mars qui décrit l’anthropologie haïtienne dans sa diversité.
L’album se présente comme une traversée sonore et spirituelle, où chaque morceau est porteur d’une charge symbolique profonde. L’artiste y mêle les rythmes du vodou, les accents de la musique racine et la densité poétique d’un chant engagé. Les percussions dialoguent avec les voix, les silences avec les incantations, dans une quête de réappropriation culturelle et de libération intérieure.
Au fil des pistes, on ressent un appel vibrant aux ancêtres, une invocation constante des forces invisibles pour éclairer le chemin d’un peuple blessé mais debout. L’album s’inscrit à la fois dans une tradition et une modernité, en refusant la rupture avec le passé tout en projetant une parole nouvelle, audacieuse, affranchie.
C’est aussi une œuvre qui questionne : la foi, l’exil, l’identité, la mémoire collective. À travers une esthétique sonore enracinée et métissée, l’artiste invite à un réveil, à une renaissance par la musique, conçue ici comme un acte de résistance et de réconciliation. Cet album n’est pas qu’un recueil de chansons : c’est un manifeste d’âme.
Chaque morceau de l’album agit comme un souffle, une prière ou un cri. Le lyrisme de l’artiste ne se limite pas à la beauté des mots, mais s’inscrit dans une urgence intérieure : celle de transmettre un héritage, de dénoncer les maux d’un monde en perte de sens, tout en insufflant une force d’espérance. Les voix féminines qui surgissent parfois rappellent les lwa, les esprits vodou, et rendent hommage aux énergies protectrices et maternelles.
L’album assume pleinement sa dimension rituelle. On y perçoit des chants de transe, des appels au loa, des rythmes binaires qui réveillent le corps et l’âme. Pourtant, cette œuvre va bien au-delà du folklore : elle déconstruit les clichés et remet la spiritualité haïtienne au centre d’un discours artistique légitime, puissant et contemporain. Il ne s’agit pas ici d’une exotisation du vodou, mais d’une réaffirmation souveraine de sa valeur culturelle et philosophique.
(N.E.G) Natmsyon Evolisyon Ginen, sorti sous JMS Production, est un album de l’artiste qui apparaît au centre de la pochette avec une chaîne brisée sur le corps symbole fort de liberté, de révolution et d’enracinement africain.
En somme, cet album est bien plus qu’une simple création musicale ; c’est un voyage au cœur de l’âme haïtienne, un pont entre traditions ancestrales et modernité. Par ses sonorités envoûtantes et ses textes engagés, il invite chacun à se reconnecter à ses racines, à embrasser la richesse culturelle d’Haïti et à puiser dans cette mémoire collective la force d’avancer. Une œuvre profonde, essentielle, qui résonne comme un appel à l’unité, à la résilience et à l’espoir.
Jamesky Jeanty, Rèldouvanjou.

