Haïti : “Domestiques, esclaves, piyajè” — le cri du pasteur Malory contre le CPT et l’effondrement de l’État
Mardi soir à New York, le pasteur haïtien Malory Laurent a prononcé une homélie incisive sur la situation politique en Haïti, qu’il a décrite comme un pays livré à une élite illégitime, corrompue et sans vision. Dans un sermon structuré et poignant, il dresse un portrait implacable de l’État haïtien : inexistant, malade, divisé, dirigé non par des responsables élus, mais par des domestiques, des esclaves modernes au service d’intérêts étrangers.
Selon le Dr Malory, Haïti n’a aujourd’hui aucun véritable dirigeant. Il affirme que les neuf membres du Conseil présidentiel de transition (CPT) ne sont qu’une façade d’« esclaves », imposée par la CARICOM. « Nous avons maintenant neuf présidents. Peut-être que la CARICOM va nous en donner une vingtaine », ironise-t-il. Il évoque un pays sans État, sans agriculture, sans justice, avec un système de santé en ruine, et une classe politique qui se cache, tandis que les vagabonds sont à l’honneur. À Carrefour, rappelle-t-il, il n’y a même pas un seul policier. Haïti est, selon lui, devenu un désert humain et institutionnel.
Sans évoquer explicitement l’illégalité du référendum PHTK-KPT-BINUH-PNUD — pourtant interdit par l’article 284.3 de la Constitution de 1987 — Malory rappelle qu’Haïti n’a connu, depuis plus de trente ans, qu’une seule élection véritablement crédible : celle de 1990. Tout ce qui a suivi, selon lui, relève de la manipulation, du truquage, et d’un simulacre démocratique.
Dans ce contexte, ajoute un commentateur à l’issue du service religieux, « donc, l’annonce d’un référendum suivi d’élections ne serait qu’une mascarade supplémentaire« . Il cite à cet égard le rapport de Transparency International de janvier 2025, qui classe Haïti comme le pays le plus corrompu de la Caraïbe, et considère le CPT comme une structure sans intégrité ni légitimité.
Par ailleurs, rappelons que trois membres du CPT, selon un rapport officiel de l’ULCC, sont accusés de collusion avec un ancien directeur de la Banque nationale de crédit (BNC) dans une affaire de détournement de plusieurs millions de gourdes. Malgré ces soupçons graves, ces mêmes individus ont signé un décret référendaire, sans même pouvoir fixer une date, faute de conditions sécuritaires minimales toujours existantes.
Pasteur Malory en profite pour répondre également aux critiques visant certains leaders protestants haïtiens aux États-Unis, accusés d’avoir influencé des votes contre la démocrate Kamala Harris, lors des dernières élections américaines. Selon lui, ces polémiques sont dérisoires, dans un contexte où les Haïtiens n’ont même plus le droit de choisir un président pour leur propre pays, voire imposer leur choix ailleurs. Le combat à mener, insiste-t-il, est d’abord intérieur, et doit être à la fois spirituel, citoyen et radical.
En ce sens, le Dr Mallory renouvelle son appel à trois jours de jeûne et de prière, du vendredi 11 au dimanche 13 juillet, non pas pour un enjeu étranger comme le TPS, mais pour implorer la délivrance d’Haïti, « un pays enchaîné par ses propres fils devenus domestiques ». Selon lui, l’heure est venue d’une grande décision nationale, sans attendre ni Washington ni la CARICOM. La dignité, la souveraineté et l’espérance doivent désormais dépendre du seul engagement des Haïtiens eux-mêmes.
Suivez l’homélie du mardi soir 8 juillet 2025.
cba