Une équipe de l’Institut national de la recherche scientifique (INRS) dirigée par le professeur Charles Gauthier a réalisé une avancée majeure dans la lutte contre le VIH et d’autres virus en développant des molécules innovantes, appelées saponines, à partir de composés naturels végétaux.
Les saponines sont dérivées de l’acide bétulinique et de l’acide échinocystique — deux triterpènes présents notamment dans les écorces de bouleau. Grâce à une modification chimique originale impliquant un sucre appelé Lewis X, les chercheurs ont créé des molécules solubles, non toxiques et très efficaces contre l’infection virale.
Une action ciblée et puissante contre le VIH
Les saponines bloquent un mécanisme clé d’infection du VIH : elles empêchent le virus d’utiliser les récepteurs DC-SIGN et L-SIGN pour infecter les cellules CD4+, en agissant dès le premier contact entre le virus et le système immunitaire. « Même à très faibles doses, les saponines montrent une efficacité remarquable », affirme le professeur Gauthier.
Des applications prometteuses au-delà du VIH
Puisque ces mêmes récepteurs sont aussi utilisés par des virus comme Ebola, la dengue ou le SARS-CoV-2, cette découverte pourrait déboucher sur le développement d’antiviraux à large spectre. De plus, la capacité des saponines à former des micelles ou s’intégrer dans des liposomes ouvre des perspectives en matière de formulation ciblée et de thérapies de prévention.
Les résultats de ces travaux, publiés dans Chemistry – A European Journal, marquent une étape clé dans la recherche sur des traitements antiviraux naturels, sûrs et performants.
« Nous sommes les premiers à démontrer que des saponines peuvent inhiber l’entrée du VIH via les récepteurs DC-SIGN et L-SIGN », précise Oscar Javier Gamboa Marin, doctorant et premier auteur de l’étude.