2025 : l’année de tous les dangers pour les Haïtiens. Référendum, expulsions, zones perdues : Anatomie d’un effondrement haïtien
L’année 2025 s’ouvre pour les Haïtiens sous le signe d’un enchaînement de menaces intérieures et extérieures, à la fois politiques, migratoires et institutionnelles. Le pays est dirigé par un collège opaque de neuf personnalités désignées, dépourvues de légitimité populaire, qui refusent même de publier l’Accord du 3 avril dans Le Moniteur, en violation manifeste du principe de transparence institutionnelle.
Cette équipe de facto persiste à promouvoir l’idée d’un référendum inconstitutionnel, au mépris de la lettre claire de l’article 284.3 de la Constitution de 1987, qui interdit formellement toute consultation populaire visant à modifier cette dernière. Le droit constitutionnel est ainsi bafoué par ceux-là mêmes qui prétendent restaurer l’ordre étatique.
Dans le même temps, les Haïtiens subissent un bannissement international inédit. Depuis janvier, la République Dominicaine a accéléré l’expulsion massive de familles haïtiennes entières, souvent installées de longue date, sans égard pour les conventions internationales relatives aux droits humains. Le climat est devenu si délétère que des citoyens haïtiens figurent aujourd’hui sur une « liste rouge » officieuse, assimilés à des individus à surveiller, voire à des terroristes, alors qu’aucune procédure judiciaire ne les incrimine. Cette dérive stigmatisante s’étend désormais aux États-Unis : le 27 juin 2025 marque la révocation officielle du Temporary Protected Status (TPS), accordé aux migrants haïtiens après le séisme du 12 janvier 2010.
Le retrait du TPS représente une fracture majeure pour les dizaines de milliers d’Haïtiens ayant reconstruit leur vie sur le sol américain. Ils se retrouvent désormais menacés d’expulsion vers un pays où aucune garantie de sécurité ni de réintégration n’existe. La violence systémique orchestrée par les gangs, l’effondrement des services publics, et la perte de contrôle sur des zones entières — comme c’est désormais le cas de la commune de La Chapelle, passée sous domination armée — font de ce retour forcé une entreprise périlleuse, relevant plus du bannissement que du retour volontaire. Ces expulsions massives risquent d’aggraver la crise humanitaire déjà aiguë, en alimentant l’instabilité et en surchargeant un État inexistant.
Enfin, 2025 consacre la figure d’un citoyen haïtien entièrement dépossédé : pourchassé à l’étranger, rejeté chez lui, il n’est plus protégé par aucune structure étatique, ni accueilli avec dignité par la communauté internationale.
Dans cette géographie de l’exil et de l’oubli, Haïti n’est plus un État au sens juridique du terme, mais un territoire où des administrateurs provisoires exploitent le pouvoir sans projet national, pendant que le peuple est sommé de survivre.
L’histoire retiendra que 2025 aura été, pour les Haïtiens, l’année de tous les dangers, mais aussi celle où la défaillance des institutions s’est transformée en faillite de la nation.
cba

