Jean-Victor Harvel Jean-Baptiste est le « chef » d’une diplomatie déraillée et obstinément soumise.
Nommé secrétaire général de l’Organisation des États américains (OEA) en mai 2025, Albert Ramdin, ancien secrétaire général adjoint de l’institution, place Haïti au cœur de son agenda régional. À l’occasion de la 55ᵉ Assemblée générale de l’OEA tenue à Saint John’s, Antigua-et-Barbuda, il a présenté une initiative articulée autour de cinq axes : sécurité, aide humanitaire, dialogue politique, processus électoral et relance économique. Cette feuille de route vise à canaliser l’action régionale autour d’un soutien coordonné, en réponse à la détérioration accélérée de la situation dans le pays.
Lors d’un entretien « bilatéral » avec le ministre haïtien de facto des Affaires étrangères, Jean-Victor Harvel Jean-Baptiste, étrange aux affaires haitiennes, Albert Ramdin a réitéré son appui à une transition portée par les Haïtiens eux-mêmes, en soulignant l’importance d’un retour à un ordre institutionnel légitime. Une mission technique de l’OEA devrait se rendre prochainement à Port-au-Prince. Ramdin, qui a dirigé dans le passé le Groupe de travail de l’OEA sur Haïti, insiste sur une approche inclusive et progressive, impliquant aussi bien les autorités de transition que la « société civile ».
Dans ses prises de parole, Ramdin a décrit la situation sécuritaire haïtienne comme « très préoccupante », appelant à une mobilisation urgente des États membres face à la montée en puissance des groupes armés et à l’effondrement de l’administration publique.
Pourtant, il n’a formulé aucune position publique concernant le processus de référendum constitutionnel illégal et inconstitutionnel actuellement envisagé par le Conseil présidentiel de transition avec l’appui logistique du PNUD. Ce silence interroge : comment un tel exercice peut-il être envisagé dans un contexte de chaos généralisé, sans forces de l’ordre fonctionnelles ni garanties minimales de liberté d’expression ou de participation citoyenne ? La contradiction entre l’analyse lucide de la crise sécuritaire et l’absence de remise en question du calendrier référendaire soulève une zone grise dans la stratégie diplomatique actuelle.
Depuis Washington, Albert Ramdin a multiplié les consultations avec des représentants diplomatiques, des membres de la diaspora haïtienne et des organisations internationales. Il ambitionne de réactiver une diplomatie régionale dynamique et crédible, après plusieurs années d’inefficacité notoire. Mais cette ambition se heurte à des réalités politiques confuses, des autorités de transition contestées et une absence persistante d’élections depuis plus de huit ans.
Dans ce contexte, l’OEA pourra-t-elle réellement jouer un rôle stabilisateur, ou risque-t-elle au contraire de cautionner des processus institutionnels précipités, détachés des exigences minimales de souveraineté populaire ?

