8 octobre 2025
L’Hôpital La Providence des Gonaives (HPG) à l’épreuve du réel : ce que révèle un forum sur ‘La Patrie en Danger’ face aux déclarations « mensongères » de Sinal Bertrand
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L’Hôpital La Providence des Gonaives (HPG) à l’épreuve du réel : ce que révèle un forum sur ‘La Patrie en Danger’ face aux déclarations « mensongères » de Sinal Bertrand

Depuis la Primature, Sinal Bertrand enjolive : La Providence des Gonaïves, théâtre d’un mensonge sanitaire. Le passé et le présent se confondent ainsi dans une même logique d’apparence, de gaspillage et d’inefficacité.

Face au discours qualifié de « mensonger » de Sinal Bertrand, un résident de la Cité de l’Indépendance, contacté par Rezo Nòdwès, déclare : « Il est regrettable que cet ancien parlementaire termine sa carrière en proférant des contrevérités, des mensonges alors qu’il connaît parfaitement la désuétude du système sanitaire haïtien », ajoute-t-il.

« Pourquoi de nombreuses femmes haïtiennes enceintes préfèrent-elles se rendre en République dominicaine pour accoucher, subissant parfois des humiliations, plutôt que d’accoucher dans des hôpitaux que Dr. Bertrand décrit pourtant si positivement ? »

Alors que le ministère de facto de la Santé publique et de la Population (MSPP), par la voix de son ministre Dr Bertrand Sinal, présentait ce mardi 17 juin un bilan flatteur des « progrès » sanitaires en Haïti lors des Mardis de la Nation, la situation réelle de l’Hôpital La Providence des Gonaïves – telle que rapportée par des acteurs locaux – atteste d’une contradiction significative avec la version institutionnelle.

Lors d’un des nombreux forums citoyens organisés par le collectif « La Patrie en Danger », un administrateur de l’Hôpital La Providence des Gonaïves a exposé sans ambages la dégradation profonde du principal centre hospitalier départemental. Absence totale d’alimentation électrique fiable, rupture de l’approvisionnement en eau potable, une seule génératrice fonctionnelle mais sans carburant, défaillance du système d’oxygénothérapie, équipements d’imagerie diagnostique hors service, fuite massive du personnel soignant, rupture du stock pharmaceutique, patients laissés sans surveillance adéquate : le constat est alarmant et critique.

Selon cet administrateur, seuls 10 % des services prévus pour une population estimée à plus de 240 000 habitants sont effectivement assurés. L’établissement est en situation de dysfonctionnement avancé, au point d’être « malade » et « mourant », notamment sur le plan des interventions chirurgicales. Le fonctionnement de l’hôpital repose de manière précaire sur un don privé récent de 5 000 dollars, révélant l’incapacité structurelle de l’État à assumer ses responsabilités. Ce dernier a souligné la nécessité de réformes internes majeures axées sur quatre piliers fondamentaux : gouvernance institutionnelle, efficience opérationnelle, reddition de comptes et transparence administrative.

En parallèle, le communiqué gouvernemental expose une vision « inclusive » et prétend à une « revitalisation » des infrastructures hospitalières, y compris à Gonaïves, ainsi qu’à une « campagne nationale de recrutement » des ressources humaines en santé. Pourtant, aucune de ces affirmations ne reflète la dégradation manifeste des infrastructures de base observée sur le terrain.

À l’Hôpital La Providence des Gonaïves (HPG), les composantes essentielles du système de santé — chaîne d’approvisionnement en oxygène médical, équipements d’imagerie,, voire blanchisserie hospitalière — sont partiellement fonctionnelles ou totalement absentes. L’absence d’un service de buanderie opérationnel compromet gravement les protocoles d’hygiène hospitalière, accroît les risques d’infections nosocomiales et met en péril la sécurité des patients. Ce décalage flagrant entre les annonces institutionnelles et la réalité opérationnelle traduit une rupture profonde entre planification centralisée et gestion effective des services de santé au niveau local.

Cette divergence entre le discours officiel et les conditions vécues rappelle amèrement et tristement les simulacres politiques du programme Gouvernement Lakay initié par Laurent Lamothe. Présenté comme une initiative de proximité et d’écoute citoyenne, ce programme s’est vite révélé être une façade dépourvue de substance, mobilisant des ressources importantes sans produire d’effets structurants durables. À l’instar des Mardis de la Nation actuels, il s’agissait moins d’une gouvernance pragmatique que d’une stratégie de communication politique. Pendant ce temps, le pays stagnait, ses institutions se fragilisaient, et la population survivait dans une indifférence administrative quasi totale. Passé et présent s’inscrivent ainsi dans une même logique d’apparence creuse, de dilapidation des ressources publiques et d’inefficacité persistante.

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