Mon pays…
c’est un royaume perdu,
où neuf rois sans trône
font festin dans la poussière.
Ils ne gouvernent pas.
ils se partagent
Des postes comme des tranches de pain chaud
tombées dans la boue
et qu’ils lèchent encore.
Ils ont les clés du coffre,
et la clef des champs,
pour fuir quand le peuple gronde.
À leurs cousins,
leurs amantes,
leurs potes de salon,
ils offrent des ambassades
comme des colliers de pacotille.
Loin des rafales,
loin des ruelles
où l’enfant compte les balles plus que les étoiles.
Ces neuf
n’écoutent ni cris,
ni prières,
ni tambours.
Ils signent des décrets
dans le silence d’une climatisation indifférente
pendant que le pays s’enfonce
dans le ventre creux des marchés vides.
Neuf rois
d’un pays sans justice,
sans pain,
sans paix.
Des rois aveugles au sang sur les trottoirs,
aux pleurs dans les camps déplacés,
à la faim qui ronge les ventres et les rêves.
Et pourtant,
chaque matin,
le soleil se lève encore
sur les femmes debout,
sur les mains calleuses,
sur la dignité qui refuse de mourir.
Un jour,
les neuf trônes vacilleront.
Car le peuple n’oublie pas.
il endure.
Et il attend.
Elensky Fragelus