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Le Forum des anciens Premiers ministres d’Haïti (FAPM), composé majoritairement d’ex-chefs de gouvernement issus ou alliés au régime PHTK-Tèt Kale, se mobilise désormais pour dénoncer les sanctions internationales qu’il juge « arbitraires », notamment celles imposées par le Canada « sans procès ni production publique de preuves », dans un contexte national marqué par le chaos, l’insécurité endémique et l’effondrement social.
Cette prise de position, commente un entrepreneur haitien décapitalisé, s’inscrit dans une dynamique corporatiste, déclenchée dès que les intérêts personnels ou politiques de ses membres sont directement menacés, notamment après l’annonce par le parquet de Port-au-Prince — sur ordre du Conseil Présidentiel de Transition (CPT) lui-même décrié — de la saisie imminente de leurs biens.
« Face à des tentatives maladroites de récupération au niveau national de sanctions unilatérales, souvent arbitraires, visant certaines personnalités haïtiennes, le Forum des anciens Premiers ministres constate que l’ostracisation du pays à travers certains de ses dirigeants a atteint un paroxysme. La méthode employée est-elle réellement adaptée aux objectifs poursuivis ? »
Or, aucun de ces anciens titulaires de la Primature, signalons-le, ne s’était exprimé face aux dérives institutionnelles majeures, telles que le projet de référendum illégal porté par le Conseil présidentiel de transition (CPT) sous l’impulsion d’Enex Jean-Charles, ni sur l’opacité entourant l’intégration potentielle d’Ariel Henry au sein du Forum. Parmi les signataires, au moins cinq ont été investis par le Parlement haïtien — dont Jean-Max Bellerive, Laurent Lamothe ou encore Jean Henry Ceant — tous ayant servi, à des titres divers, dans des administrations affiliées directement ou indirectement à Tèt Kale-PHTK. C’est précisément sous leurs mandats que les gangs armés ont consolidé, selon le rapport de l’ONU, leur emprise sur le territoire, dans un climat de permissivité, voire de tolérance tacite.
La contestation des sanctions, bien que fondée sur des arguments juridiques relatifs au respect des droits fondamentaux, laisse entière une question fondamentale : celle des responsabilités partagées dans la désintégration progressive de l’État d’Haiti.
Le silence du Forum sur les causes structurelles de cette décomposition, combiné à l’absence d’autocritique sur la gestion passée, affaiblit la portée éthique de son plaidoyer. Il révèle surtout une constante dans le comportement des élites haïtiennes : promptes à invoquer leurs droits lorsque leur statut est en jeu, elles restent muettes face aux violations systémiques des droits collectifs et à l’effondrement de l’intérêt général.

