Alors que le gouvernement haïtien célèbre la reprise des vols intérieurs comme un symbole de relance nationale, le prix d’un billet d’avion entre Cap-Haïtien et Les Cayes atteint près de 500 dollars. Une réalité qui soulève des doutes sur la sincérité de la stratégie annoncée. Entre routes bloquées par des groupes armés et absence de régulation des tarifs, le transport aérien s’impose comme une échappatoire réservée aux plus fortunés, au détriment de la majorité des citoyens.
A qui profite le blocage des routes nationales 1, 2…?

La Primature promet la reprise, mais le ciel devient un luxe
« Il s’agit là d’un signal fort : Haïti est en mouvement, avec détermination, vers la reprise », a proclamé la Primature. Pourtant, sur le terrain, cette reprise a un prix : 476 dollars américains pour un vol domestique de 50 minutes entre Cap-Haïtien et Les Cayes. Un tarif difficilement justifiable dans un pays où plus de la moitié de la population vit avec moins de deux dollars par jour.
Présentée comme une relance du secteur aérien, cette initiative suscite de vives interrogations. « Elle facilitera la connectivité entre les régions, stimulera les échanges économiques et renforcera le tissu social et commercial de notre pays », a déclaré M. Fils-Aimé. Mais dans les faits, le transport aérien devient une alternative coûteuse à un réseau routier totalement défaillant. Depuis plusieurs années, les principales voies terrestres reliant le Nord et le Sud, notamment via Martissant ou Canaan, sont sous le contrôle de groupes armés terroristes, sans réaction concrète de l’État.
Face à l’abandon des routes, Sunrise Airways – seule compagnie à assurer la liaison – opère en situation de quasi-monopole. Les tarifs s’envolent, sans que le ‘gouvernement‘ n’intervienne pour réguler le marché ou rouvrir les corridors stratégiques. Le Premier ministre de facto, Alix Didier Fils-Aimé, savait-il que cette « reprise » allait surtout profiter à un opérateur privé, transformant la crise sécuritaire en opportunité commerciale ?
Alors que les autorités vantent un retour à la mobilité interrégionale, la réalité est tout autre : l’État se retire, les routes demeurent sous contrôle armé, et le transport aérien devient le privilège d’une élite fortunée — au point que certains soupçonnent une complaisance tacite, voire un financement indirect des gangs, au profit d’un secteur aérien devenu lucratif.
cba
