13 octobre 2025
« Pays de peau vive »
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« Pays de peau vive »

par Elensky Fragelus

j’écris avec la langue
qu’on m’a laissée après l’incendie.
elle brûle encore.
elle danse aussi.

dans les rues fendillées de Port-au-Prince
le béton connaît le goût du sang,
mais regarde —
même les gravats savent pousser des fleurs.

on m’appelle poète
mais je suis surtout un tambour,
je bats dans la poitrine du peuple
quand la nuit tombe trop tôt.

ici, on sait que le soleil
est un vieil oncle fatigué
qui revient chaque matin
malgré la gueule des ténèbres.

les morts, on les porte dans la voix.
les vivants, dans les yeux.
et la mer —
toujours là,
comme une promesse
qu’on ne sait plus croire.

je n’écris pas pour être lu
j’écris pour tenir debout.
les mots comme machette
dans les hautes herbes de l’oubli.

Haïti,
ce n’est pas un cri —
c’est un silence qu’on martèle,
une prière qui claque dans les veines,
une beauté cassée
qui refuse de mourir.

Elensky Fragelus

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