À quoi bon continuer à entretenir une diplomatie qui ne »diplomatise » plus ? Franchement, si l’État haïtien cherche des pistes d’économie, commençons par le plus évident : fermons les ambassades, rapatrions tout le personnel diplomatique, et transformons le ministère des Affaires étrangères en musée du folklore républicain.
Soyons lucides : la diplomatie haïtienne est une fiction administrative que seuls les naïfs ou les bénéficiaires osent encore défendre. Aucune stratégie à long terme, aucun intérêt national clairement défini, encore moins une défense cohérente des citoyens à l’étranger. Tout se joue au feeling, à la petite semaine, entre improvisation et servilité.
Et puis, parlons des ambassadeurs nommés par piston familial, retour d’ascenseur politique ou pure sympathie de salon. Incompétents notoires pour la plupart, ils confondent « représentation diplomatique » avec « vacances prolongées aux frais de l’État haïtien ». De toute façon, leur contribution principale se résume à quelques cocktails en cravate dans des capitales où Haïti n’est jamais vraiment invité à la vraie table des décisions.
Pendant ce temps, nos ressortissants sont humiliés, expulsés, parfois tués dans les pays voisins, et personne ne bouge. Les ambassades ? Injoignables. Les consuls ? Invisibles. Le ministère à Port-au-Prince ? Trop occupé à rédiger des communiqués fades qui n’indignent que ceux qui les lisent (soit personne). Défendre les Haïtiens à l’étranger ? Une activité manifestement jugée optionnelle.
Plus préoccupant encore : les voisins ferment leurs frontières, nous traitent avec mépris, nous insultent dans leurs parlements… et nos diplomates sourient, serrent des mains et publient des selfies. On ne sait plus s’ils représentent Haïti ou s’ils sont juste là pour décorer.
Il faut aussi parler de ce qu’on n’a pas : aucune coordination entre ambassades, aucun plan diplomatique depuis l’ère de Caporal Diab. Mais on garde les structures, on paie les loyers des chancelleries, les per diem, les billets d’avion et les voitures de fonction. Tout ça pour quoi ? Pour ne rien obtenir, rien protéger, rien négocier.
Alors, soyons raisonnables. Arrêtons cette mascarade. Fermons la boutique. Renvoyons les ambassadeurs jouer aux dominos chez eux, et économisons ces millions de dollars gaspillés chaque année à entretenir une façade qui ne sert ni le peuple, ni l’État, ni la souveraineté nationale.
Il vaut mieux ne pas avoir de diplomatie du tout, plutôt que de persister dans ce théâtre d’ombres coûteux et humiliant.
Et si un jour, par miracle, Haïti décide de redevenir un État avec une vision, des institutions et des représentants dignes de ce nom, on rouvrira.
Mais pas avant.
Daniel Alouidor

