30 octobre 2025
Cap-Haïtien : L’activiste panafricain Kémi Séba exhorte les gangs à changer de cible et à s’en prendre à la domination occidentale
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Cap-Haïtien : L’activiste panafricain Kémi Séba exhorte les gangs à changer de cible et à s’en prendre à la domination occidentale

Cap-Haïtien : Kémi Séba suscite un débat en prônant une alliance entre gangs et citoyens contre la « domination occidentale »

L’activiste franco-béninois Kémi Séba a tenu une conférence de presse remarquée à Cap-Haïtien, au cours de laquelle il a appelé à une « unité révolutionnaire » entre groupes armés et population civile, afin de lutter contre ce qu’il décrit comme une “ingérence dévastatrice” de l’Occident.

Devant un public composé de journalistes, militants et curieux, Séba a affirmé que la fragmentation sociale actuelle en Haïti est le résultat d’un plan géopolitique visant à maintenir le pays dans la précarité et la dépendance. Il a ainsi exhorté la jeunesse des quartiers marginalisés, y compris les membres de gangs, à “changer de cible” et à rejoindre le mouvement panafricaniste.

Ses propos ont immédiatement suscité une vague de réactions, mêlant soutien et inquiétude. Certains sympathisants saluent sa franchise et sa volonté de raviver le discours sur la souveraineté nationale, particulièrement à l’approche d’une mission internationale de sécurité en Haïti. D’autres, en revanche, dénoncent une rhétorique jugée dangereuse, susceptible de légitimer, même indirectement, des groupes armés impliqués dans des violences contre les civils. Des ONG locales et des défenseurs des droits humains ont mis en garde contre toute instrumentalisation du chaos sécuritaire à des fins idéologiques.

Lors d’une rencontre avec des leaders communautaires en périphérie de Cap-Haïtien, Kémi Séba a précisé que son message ne constitue pas un appel à la violence, mais plutôt un “réveil des consciences” face à ce qu’il considère comme un néocolonialisme dissimulé. Il a insisté sur le fait que son combat est apolitique, spirituel et historique, en écho à la révolution de 1804. “Haïti est un symbole. Si ce pays se relève, c’est toute l’Afrique et la diaspora noire qui relèvent la tête”, a-t-il déclaré, appelant à une alliance “entre les pauvres, les exclus et les marginalisés, pour refonder l’État à partir du peuple”.

Cette prise de position intervient dans un contexte de crise sécuritaire aiguë, avec des centaines de victimes recensées depuis le début de l’année et un effondrement quasi total des institutions. La venue de Kémi Séba pourrait raviver le débat sur les causes profondes de la crise haïtienne, mais elle risque aussi d’exacerber les divisions au sein d’une société déjà fragilisée par la peur et la méfiance. Le gouvernement haïtien, jusqu’ici silencieux, pourrait être contraint de réagir face à cette intervention mêlant radicalisme politique, stratégie médiatique et appel à une redéfinition de l’identité nationale.

Guyno DUVERNE
duverneguyno@gmail.com

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