19 novembre 2025
Fotèy an lò, sou kou pèp nan labou
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Fotèy an lò, sou kou pèp nan labou

Le Prince et la Princesse sur fauteuils capitonnés
(royaume en ruine)

Ils trônent, altiers, sur des sièges en or,
Leurs pieds vernis ne frôlent pas la poussière,
Tandis qu’au loin, les enfants dansent encore
Sur les ruines d’un peuple sans lumière.

Madame est droiture, tailleur gris, rouge escarpin,
Monsieur feuillette, lunettes sombres, costume du matin.
Ils posent, impassibles, statues d’une couronne défunte,
Dans l’éclat des projecteurs, l’illusion se peint sans crainte.

Le peuple ? Il patauge dans la boue et les haillons,
Ses maisons effacées par les pluies de l’abandon.
Le centre-ville – longtemps cœur battant des nations –
N’est plus qu’un bois obscur, une forêt de déraison.

Les arbres y poussent sans foi ni loi,
Le bitume cède aux racines sourdes.
Les caprices verts, fendant la croûte de béton,
Rappellent que le sol hait l’oubli qu’on lui accorde.

Mais sur leurs trônes rembourrés de silence,
Le prince signe, la princesse fait mine de lire.
Leur royaume s’écroule, ils peaufinent l’apparence,
Dehors, le peuple – las – apprend à survivre.

Les tambours sonnent, des fillettes récitent,
Leur robe en drapeau tente un refrain d’espoir.
Mais le trône est sourd, le trône ne visite
Ni la boue, ni la forêt, ni le noir.

Ô prince de pacotille, ô princesse de façade,
Savez-vous que vos sceptres sont faits de carton ?
Votre gloire est un écho dans une cathédrale vide,
Vos fauteuils dorés grincent au rythme des trahisons.

Et la cité, dévorée par les lianes et la peur,
Réclame non des trônes, mais des bâtisseurs.
Car le règne des chaises, creuses comme vos discours,
N’est qu’un carnaval sinistre qui prépare le retour…

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