À peine remis à l’Exécutif de transition par le Comité de pilotage du dialogue national, l’avant-projet de Constitution suscite déjà de vives critiques. Juristes, anciens parlementaires et constitutionnalistes dénoncent un document mort-né et appellent à l’abandon de cette initiative controversée.
Texte mal rédigé, manque de légitimité et d’autorité des concepteurs, démarche anticonstitutionnelle… Les qualificatifs ne manquent pas chez les spécialistes du droit et les ex-parlementaires pour condamner l’avant-projet soumis par le Comité de pilotage du dialogue national. Sur les ondes de Radio Kiskeya, ce vendredi, les principales réactions convergent : il s’agirait d’une mauvaise blague, d’une distraction orchestrée par le pouvoir de transition.
Pour Me Patrick Pierre-Louis, bâtonnier de l’ordre des avocats de Port-au-Prince, les sept membres du Comité de pilotage n’ont ni la compétence ni la légitimité requises pour s’engager dans une telle entreprise. Il insiste sur l’absence de révolution juridique ou politique qui justifierait une telle démarche.
Sans entrer dans les détails, l’ancien sénateur Steven Irvenson Benoît rappelle que la seule entité habilitée à modifier la Constitution demeure le Parlement haïtien. Selon lui, les initiateurs de l’avant-projet sont illégitimes et devront, tôt ou tard, rendre des comptes à la nation pour leur obstination à vouloir modifier la loi-mère.
L’avocat Reynold Georges, constitutionnaliste et ancien parlementaire, désapprouve également l’initiative de proposer un nouveau texte constitutionnel dans le contexte actuel. Il envisage même de porter plainte contre les membres du Conseil présidentiel de transition (CPT). Dirigeant de l’Alliance pour la libération et l’avancement d’Haïti (ALAH), il qualifie les membres du Comité de pilotage d’imposteurs et appelle à la démission du gouvernement de transition, qu’il accuse d’être insensible à la souffrance de la population.
Pour sa part, l’avocat Guerby Blaise considère le texte constitutionnel proposé comme une régression démocratique. Mal écrit, truffé de confusions et d’incohérences, ce document, selon lui, constitue une insulte à l’intelligence. Il exhorte le gouvernement à renoncer à cette initiative et dénonce un avant-projet qui viole les libertés publiques.
Hervé Noël
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