8 octobre 2025
18 mai – Micros fermés, caméras rangées… les dignitaires (CPT-CEP-FAD’H, Primature) fuient le Cap-Haitien par les airs
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18 mai – Micros fermés, caméras rangées… les dignitaires (CPT-CEP-FAD’H, Primature) fuient le Cap-Haitien par les airs

Célébration du 18 mai au Cap-Haïtien : faste officiel et fuite aérienne

Les délégations en provenance du Haut-Artibonite ou du Nord-Ouest ont peiné à circuler sur le tronçon Gonaïves/Cap-Haïtien, où le morne Puilboreau, devenu impraticable et dangereux, a constitué un véritable obstacle. Même les routes secondaires censées relier les régions avoisinantes se sont révélées hasardeuses, illustrant une fois de plus l’état avancé de dégradation du réseau routier national et l’emprise persistante de l’insécurité.

La cérémonie officielle du 18 mai, organisée avec éclat au Cap-Haïtien, a mobilisé les principales figures de l’exécutif haïtien, dont le Premier ministre de facto, les membres du gouvernement, les représentants du Conseil présidentiel de transition (CPT), ainsi que le président du Conseil électoral provisoire. Le coût de l’événement, révisé à environ 300 millions de gourdes, témoigne de l’ampleur logistique déployée pour marquer cette journée symbolique.

Placé sous le thème « Un seul drapeau, un seul peuple, une seule Nation », l’événement a été, selon le communiqué de la Primature, l’occasion de rappeler « l’importance de l’unité et de la solidarité citoyenne ». Les prestations des jeunes ont constitué, d’après les autorités, « un moment fort », salué par les officiels présents. Le gouvernement, dans sa communication officielle, a remercié « les organisateurs, les encadreurs ainsi que tous les participants pour leur engagement et leur contribution à la réussite de cette célébration nationale ».

Mais au-delà des déclarations et des symboles, c’est la réalité concrète du territoire haïtien qui a imposé ses propres limites. À l’issue de la cérémonie, aucun des dignitaires n’a pu regagner Port-au-Prince par voie terrestre. L’axe routier du Centre, verrouillé par des groupes armés, demeure infranchissable, même pour les plus hauts représentants de l’État. Toutes les délégations ont été contraintes de quitter la ville par avion ou hélicoptère, les billets ayant été acquis à des prix significatifs. Ce recours exclusif aux transports aériens révèle, en creux, l’ampleur de la désarticulation territoriale actuelle.

Symptomatiquement, le président du Conseil électoral provisoire – chargé de promouvoir une dynamique électorale nationale – n’a lui-même pu emprunter la route pour rejoindre la capitale. Ce même président, qui a récemment ordonné l’évaluation des bureaux de vote en dehors du département de l’Ouest en vue de préparer d’éventuelles consultations électorales, s’est trouvé dans l’impossibilité de traverser physiquement ces territoires qu’il projette d’ouvrir au suffrage. Ce contraste entre les discours exaltant la souveraineté et la réconciliation, et l’impossibilité matérielle de circuler librement sur le territoire national, révèle une fracture profonde entre l’État cérémoniel et l’État effectif.

Le drapeau a été levé au Cap-Haïtien, mais c’est par les airs que le pouvoir a dû se replier vers Port-au-Prince, esquivant un pays fragmenté où la mobilité elle-même est devenue un privilège sous haute protection.

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