25 octobre 2025
Haïti – Un transfert diplomatique discret : Louis Harold Joseph quitte Washington pour Tokyo
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Haïti – Un transfert diplomatique discret : Louis Harold Joseph quitte Washington pour Tokyo

Haïti : diplomatie en panne, nomination en douce à Tokyo

Dans un contexte de dérèglement institutionnel généralisé — sans maires élus, sans Parlement fonctionnel, sans Premier ministre issu d’un processus constitutionnel légitime —, l’appareil diplomatique haïtien poursuit son démantèlement à travers des pratiques marquées par l’opacité. Dernier exemple en date : M. Louis Harold Joseph, précédemment en poste à Washington, a été discrètement transféré à Tokyo, où il a déjà présenté ses lettres de créance aux autorités japonaises, selon des informations recueillies par Rezo Nòdwès.

Aucune annonce officielle du ministère des Affaires étrangères à Port-au-Prince n’a précédé ni accompagné cette nomination, révélatrice d’une tendance désormais routinisée dans la conduite des relations extérieures de l’État haïtien, en crise profonde.

Le scandale Citibank et la « vacance » à Washington

Le départ de M. Joseph des États-Unis survient peu après la fermeture, par la Citibank, du compte bancaire de l’ambassade d’Haïti à Washington, ainsi que de ceux de plusieurs consulats. Cette décision, aux conséquences diplomatiques et administratives majeures, témoigne d’une perte sévère de crédibilité financière du pays à l’international. Plutôt qu’une réponse publique ou institutionnelle à cette crise, les autorités ont choisi de redéployer leur représentant, laissant le poste diplomatique de Washington dans une incertitude totale. À ce jour, aucune confirmation officielle n’a été communiquée concernant le nom du remplaçant, et les spéculations qui circulent à ce sujet contribuent à renforcer le flou ambiant.

Une nomination sans ratification : le précédent Tokyo

Avec cette mutation précipitée, Louis Harold Joseph devient de facto le représentant du gouvernement haïtien à Tokyo. Pourtant, selon l’article 139 de la Constitution haïtienne, tout ambassadeur doit être nommé par le président de la République et ratifié par le Sénat. L’absence prolongée d’un Parlement depuis 2020 rend cette procédure constitutionnelle inopérante, transformant ce qui devrait être un mécanisme de régulation démocratique en simple formalité ignorée. Le cas Joseph incarne ainsi une dérive désormais courante : l’exercice de la diplomatie haïtienne en dehors de toute validation institutionnelle.

Salaires débloqués sous pression, mais en partie seulement

Parallèlement, selon Rezo Nòdwès, le Conseil présidentiel de transition (CPT) — qui projette de dépenser quelque 400 millions de gourdes pour une parade du Drapeau dans un pays en décomposition institutionnelle — a débloqué deux mois d’arriérés de salaire pour certains diplomates et personnels consulaires. Ces fonds couvrent également le paiement de loyers de plusieurs représentations à l’étranger. Cette réponse partielle, si elle soulage temporairement les bénéficiaires, reste insuffisante au regard des retards cumulés et du climat de précarité généralisée.

Malgré ce geste, les contractuels — rouages essentiels du fonctionnement quotidien des ambassades — demeurent entièrement exclus de ces versements. Depuis le début de l’exercice fiscal 2024-2025, aucun paiement ne leur a été alloué. Ce traitement inégalitaire souligne une gestion à deux vitesses au sein du service diplomatique haïtien, où seuls les titulaires obtiennent une forme de reconnaissance, tandis que les autres sont relégués dans l’oubli administratif.

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