2 octobre 2025
Drapeau et Constitution de 1987 marchent de pair : nul ne peut honorer l’un en déchirant l’autre
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Drapeau et Constitution de 1987 marchent de pair : nul ne peut honorer l’un en déchirant l’autre

Rezo Nòdwès : « Qui viole la Constitution de 1987 ne saurait se réclamer du drapeau »

Alors que les Haïtiens de la diaspora s’apprêtent à célébrer, avec faste et fierté, la 222e commémoration du drapeau national, un profond malaise traverse la conscience collective. À Elizabethtown, dans l’État du New Jersey, les couleurs bleu et rouge flottent déjà sur les devantures des centres commerciaux. Le drapeau haïtien s’y exhibe sans complexe, porté par la nostalgie patriotique et le désir ardent de reconnaissance d’un peuple dispersé mais jamais désolidarisé. Pourtant, cette exaltation symbolique se heurte à une réalité politique nationale pour le moins contradictoire.

Comment un gouvernement qui viole les principes mêmes de la Constitution peut-il prétendre célébrer le drapeau de la nation ? Cette question, au cœur de l’éthique politique, mérite d’être posée avec gravité. Le drapeau, comme la Constitution, ne saurait être réduit à un ornement commémoratif ou à un slogan opportuniste. Il est un pacte, un acier forgé dans les luttes de 1803, un rappel permanent du prix de la liberté et de la souveraineté. Dire que « le drapeau et la Constitution sont faits de fer », c’est rappeler leur caractère inviolable, leur poids historique, leur ancrage dans la dignité nationale.

Dans ce contexte, comment comprendre que le Conseil présidentiel de transition (CPT) et le Premier ministre Alix Didier, successeur désigné de Garry Conille, dans le cadre du mécanisme de gouvernance intérimaire, puissent initier un processus de réforme constitutionnelle par voie référendaire, alors même que l’article 284.3 de la Constitution haïtienne interdit formellement toute telle démarche ? Il ne s’agit pas ici d’un débat juridique accessoire, mais d’un affront majeur au texte régulateur de la République. On ne peut, d’un côté, glorifier le drapeau national dans les discours, et de l’autre, piétiner la Constitution dans les actes.

Célébrer le drapeau implique un devoir : celui de défendre les principes qu’il incarne. Ce drapeau, né du génie révolutionnaire de Catherine Flon, n’est pas un simple tissu coloré ; il est le témoignage d’un peuple qui s’est libéré de l’esclavage et qui a inscrit, dans le sang, les fondements d’un État souverain. Le respect de la Constitution est donc une extension directe de ce respect dû au drapeau. Tenter de modifier la Loi fondamentale par un processus inconstitutionnel revient à souiller les deux à la fois. Espèces de Conzé!

Face à cette situation, il est légitime de poser la question suivante : que vaut la commémoration du drapeau si elle ne s’accompagne pas d’une cohérence éthique et politique ? Le peuple haïtien, qu’il soit en Haïti ou dans la diaspora, ne peut se satisfaire de symboles vidés de leur substance. La fidélité à l’héritage de 1803 exige un engagement profond envers les textes, les luttes et les sacrifices qu’ils incarnent.

Il est encore temps, pour les tenants du pouvoir de transition, de faire preuve de hauteur politique. Renoncer à toute tentative de manipulation constitutionnelle ne serait pas un aveu de faiblesse, mais un geste de loyauté envers la mémoire de ceux qui ont offert leur vie pour que flotte, haut et fier, le bicolore haïtien.

cba

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