2 octobre 2025
Fritz Jean et Fils-Aimé font à leur tour le show de fin de mois après les journées de grève réussies des gangs de Carrefour
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Fritz Jean et Fils-Aimé font à leur tour le show de fin de mois après les journées de grève réussies des gangs de Carrefour

L’Edito du Rezo

Après la grève des gangs, Fritz Jean et Fils Aimé font leur show de fin de mois

Journée du mercredi 30 avril, dernier jour du mois, dernier acte du spectacle grotesque que l’on continue d’appeler « gouvernance » en Haïti. Le Conseil Présidentiel de Transition (CPT), sous la direction de Fritz Alphonse Jean, a jugé bon de convoquer un conseil des ministres. Une réunion officielle, solennelle, presque sérieuse. Sauf que… ça sentait le carton-pâte et l’illusion mal jouée.

Dans un communiqué à l’allure de formalisme républicain, la Présidence a déclaré : « Prezidan Konsèy Prezidansyèl Tranzisyon an (KPT), Ekselans Fritz Alphonse Jean, prezide yon Konsèy minis, nan Viladakèy, jounen mèkredi 30 avril 2025 lan. KPT a ansanm ak manm Gouvènman yo ap diskite de anpil pwen enpòtan pou pote bon jan solisyon ak pwoblèm peyi a ap fè fas. »

Bon jan solisyon », vraiment ? En fait, entre cette phrase et la réalité, le parallèle est frappant. Moins de 24 heures auparavant, la commune de Carrefour, carrefour d’espoir, était littéralement verrouillée. Non pas par décret officiel, mais par la volonté absolue des gangs locaux, qui ont organisé une grève de 48 heures. Une grève, en effet. Par les gangs. Avec succès. Motos absentes, portes fermées, peur omniprésente. Même les petits commerces opérant avec la bénédiction tacite des criminels ont fermé. Une performance sociale de premier ordre : là où l’État ne parvient pas à imposer l’ordre, les gangs réussissent à imposer le silence.

Et comme pour couronner ce carnaval tragique, le CPT, visiblement débranché ou connivent, se réunit le lendemain. Mais pourquoi ? Pour annoncer quoi au juste ? Réagir à l’insécurité ? compatir avec l’enfant de 11 ans tué dans l’Artibonite, région aujourd’hui dévastée par le tremblement de terre ? Un minimum de solidarité pour cette Haïtienne de 44 ans morte en prison aux Etats-Unis, sans papiers, sans voix, sans reconnaissance ? Mutisme sonore.

Non. Ce Conseil préfère se célébrer dans une logique de gestion superficielle. Une sorte de chorégraphie administrative où les postes comptent plus que les vies, et où la politique se réduit à des réunions sans lendemain, comme on allume une bougie dans un tunnel sans fin. C’est comme si les gangs eux-mêmes avaient leur mot à dire dans la nomination du maire de Carrefour, et que le CPT attendait patiemment la validation officieuse des kalachnikovs du quartier.

Ainsi, alors que l’Artibonite meurt, que Carrefour suffoque et que l’exil se traduit par des cadavres anonymes dans des centres de détention étrangers, les pouvoirs en place se réunissent, rituellement, comme pour conjurer leur propre futilité. C’est une réunion de façade, qui n’annonce rien, ne résout rien, mais montre tout : l’effondrement total de l’Etat haïtien, et la comédie funèbre de ceux qui prétendent encore gouverner.

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