Mais quand est-ce que ce sera le tour des Etats-Unis de permettre à l’Etat haïtien (constitutionnel et légitime) de demander des comptes aux principaux dilapidateurs de fonds publics, dont la plupart résident dans ce même pays, tels que Michel Martelly, Ariel Henry… s’interroge le leader des droits de l’homme, le Dr Josué Renaud. « Mais pourquoi tout ce branle-bas de combat alors que les gangs sont fédérés par le régime du PHTK soutenu par Washington depuis sa conception », ajoute-t-il.
Les Etats-Unis ont appelé les autres pays à partager le « fardeau financier de la lutte contre la gouvernance criminelle et le chaos en Haïti », soulignant les difficultés de financement auxquelles est confrontée la mission internationale de soutien à la sécurité.
Cependant, a rappelé le chef du NEHRO, « les gangs se sont fédérés sous le régime du PHTK, sous l’œil vigilant de l’ambassade américaine et du représentant du BINUH ». Par la suite, a-t-il précisé, des rapports de l’ONU ont révélé que la plupart des armes et des munitions tombées entre les mains des gangs terroristes provenaient des ports de Miami.
Le 21 avril, l’ambassadeur des États-Unis auprès des Nations unies, Dorothy Shea, a exhorté les autres pays à « apporter leur juste contribution » à la mission multinationale de soutien à la sécurité (MSS), qui a envoyé des troupes de plusieurs pays pour soutenir la police nationale haïtienne contre les puissants gangs du pays.
« Les Etats-Unis ne peuvent pas continuer à supporter un fardeau financier aussi important », a déclaré M. Shea au Conseil de Securite.
Ces dernières années, le contrôle des gangs s’est étendu dans le pays, laissant des milliers de personnes déplacées et démunies. Les gangs ont eu recours au viol et à la violence sexuelle pour terroriser les femmes et les jeunes filles, et la faiblesse des institutions démocratiques ainsi que la corruption généralisée ont entravé les efforts visant à rétablir l’ordre.
Les États-Unis se sont engagés à verser plus de 300 millions de dollars pour soutenir la mission de la MSS, dirigée par le Kenya. En 2023, le secrétaire d’État Antony Blinken a annoncé une aide étrangère de 100 millions de dollars pour la MSS et 100 millions de dollars de fonds du département de la défense (DOD). En mars 2024, l’engagement du DOD est porté à 200 millions de dollars.
InSight Crime Analysis
Malgré les contributions des États-Unis, la MSS a été paralysée par un manque de fonds depuis sa création, et Haïti a toujours besoin d’un soutien international pour combattre les groupes criminels du pays et rétablir l’ordre.
Les premières troupes kenyanes sont arrivées en Haïti en juin 2024 pour soutenir la police nationale. Dix mois plus tard, moins de 1 000 des 2 5000 soldats multinationaux promis se trouvent dans le pays. Outre les fonds américains, la mission dépend principalement des dons volontaires d’autres pays, dont le Canada, la France, l’Espagne, l’Italie et l’Algérie. Toutefois, en janvier, la mission n’avait reçu qu’environ 100 millions de dollars sur les 600 millions de dollars estimés nécessaires par an, laissant les troupes en sous-effectif et mal équipées.
La mission MSS n’a guère réussi à mettre un terme à l’expansion du pouvoir des gangs. Selon les dernières estimations des Nations unies, les gangs contrôlent désormais plus de 85 % de la capitale, Port-au-Prince, et des zones environnantes. Les vols commerciaux à destination de Port-au-Prince sont suspendus depuis novembre 2024 et les gangs contrôlent la quasi-totalité des routes menant à la ville. Cette expansion a déclenché une violence record, avec plus de 60 000 personnes déplacées de force au cours du mois dernier, selon l’Organisation internationale pour les migrations, qui signale que les déplacements ont triplé l’année dernière pour dépasser le million. On s’attend à ce que ces chiffres augmentent, notamment en raison du gel des financements américains.