19 novembre 2025
Nous avons raté l’occasion de rééditer Vertières et d’offrir au pays un nouveau départ au cours de cette longue transition
Actualités Opinions Politique

Nous avons raté l’occasion de rééditer Vertières et d’offrir au pays un nouveau départ au cours de cette longue transition

par Me Kedlaire Augustin

Peu importent les circonstances, le devoir de mémoire impose à tous les haitiens et haïtiennes, à tous les peuples noirs et à tous ceux et celles qui ont le sens de l’histoire de rendre hommage aux valeureux soldats de la guerre de l’indépendance en général et à Cappoix la mort, le héros de la bataille de Verrières, en particulier. En tant qu’homme d’ État responsable et fondateur du mouvement Honneur respect pour Cappoix la mort, je ne saurais soustraire à cette obligation.

À l’occasion de ce 222ème anniversaire de la bataille de Vertières, je voudrais inviter la nation haïtienne à méditer sur trois faits ou trois événements fondamentaux qui ont joué un rôle inestimable dans la lutte pour l’indépendance nationale, la création de l’ État d’ Haïti, et qui auraient pu nous indiquer la voie à suivre pour mettre fin une fois pour toutes à cette grave crise socio-politique et économique à laquelle fait face le pays depuis des siècles.

La cérémonie du Bois Caiman

Le premier événement c’ est la cérémonie du Bois Caïman. Elle est le premier acte qui exprimait la determiynation inébranlable de nos ancêtres de mettre fin à l’esclavage et de comprendre l’impérieuse nécessité de s’unir pour atteindre ce noble objectif. C’est à travers elle qu’ a été forgée l’ âme de la nation. Sa portée symbolique pour la prise de conscience nationale indispensable à la lutte pour l’ indépendance d’ Haïti est inestimable.

La bataille de Vertières

La deuxième c’ est évidemment la bataille de Verrières qui est le résultat de cette prise de conscience décrétée symboliquement par la cérémonie du Bois Caïman. Elle est la phase la plus décisive de la guerre de l’indépendance haitienne.

Au cours de ce moment historique, l’armée des va-nu-pieds est entrée dans l’histoire et place Haiti au rang des nations libres et indépendantes du monde. Elle a surtout ouvert la voie à la proclamation officielle de l’indépendance haitienne le premier janvier 1804.

La Constitution de 1805

La troisième c’est la Constitution de 1805, considérée comme la première véritable Constitution d’Haïti. Si l’acte de l’indépendance constitue l’expression politique des velléités indépendantistes du peuple haïtien, l’adoption de la charte de 1805 en constitue l’expression juridique la plus formelle et la plus évocatrice.

Qu’ avons nous fait de ces trois faits historiques fondamentaux ?

Aujourd’hui, nous devons nous rendre compte que nous avons déconstruit tout ce que les héros de la bataille de Vertières avait fait pour nous léguer cette terre en héritage. Nous avons renoncé à l’indépendance pour nous soumettre à une servitude volontaire qui épouse l’ intensité de nos appétits gloutons et des luttes de pouvoirs.

Or, seuls les États sont souverains au regard du droit international. Un pays qui n’ a pas de Constitution n’est pas un État et, par ricochet, ne sera jamais souverain. Le résultat ne peut être que ce que nous avons aujourd’hui. Il est méticuleusement planifié, habilement exécuté et solidairement entretenu !

La crise que connait le pays depuis l’assassinat de Jovenel Moise était pour moi la plus grande opportunité que nous ayons pour rééditer l’ exploit de nos ancêtres, pour apporter la contribution de notre génération à cette crise séculaire qui enlise le pays dans cette spirale de pauvreté, de stagnation et de faible développement et pour bien mériter de la patrie. Nous avons choisi de galvauder la tranaition et de la sacrifier à l’ autel de nos intérêts mesquins.

Quoique nécessaires dans le contexte actuel, ce ne sont ni les concertations pour les élections et la formation d’un nouveau gouvernement de transition, ni les luttes de pouvoirs auxquelles se livrent les acteurs politiques haïtiens, ni le retour à l’ ancien ordre constitutionnel qui mettront fin à cette crise multiforme et qui permettront au pays de retrouver sa stabilité et sa souveraineté.

Ce qu’ il fallait faire c’ était de réaliser la Conference nationale en communion avec l’esprit de la cérémonie du Bois Caïman, de renforcer l’ armée et la sécurité du pays pour rendre hommage aux héros de la bataille de Vertières et à l’armée des va-nu-pieds et de doter le pays d’une nouvelle Constitution pour annoncer un nouveau départ et un nouvel État à l’instar de ce qu’ ont fait nos ancêtres avec l’adoption de la Constitution de 1805.

Il est temps que les vrais intellectuels de ce pays s’interrogent sur la finalité réelle de cette longue transition qui, au-delà des luttes de pouvoirs, affirme une solide stabilité qui, souvent, fait défaut aux régimes démocratiquement élus.

C’est à cette profonde réflexion que nous convie la célébration de la bataille de Vertières à deux mois de la fin du mandat du CPT et du début d’une nouvelle transition dans la transition.

18 novembre 2025

Ex- sénateur Kedlaire Augustin

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.