9 octobre 2025
CPT – La présidence de Fritz Jean: Le silence de l’action, le bruit des mots
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CPT – La présidence de Fritz Jean: Le silence de l’action, le bruit des mots

L’Edito du Rezo

Alors que l’insécurité s’aggrave jour après jour et que les groupes armés étendent leur emprise sur un territoire livré à l’anarchie, Fritz Alphonse Jean, désormais à la tête du Conseil Présidentiel de Transition (CPT) depuis plus d’un mois sans avancée tangible ni signal politique fort, s’est exprimé samedi soir sur les réseaux sociaux dans une déclaration à la tonalité étonnamment sobre, voire désengagée.

« Le CPT réaffirme sa solidarité avec le peuple haïtien face aux violences. La sécurité demeure la priorité de la Transition. Nous appelons à la vigilance citoyenne et au soutien aux forces de l’ordre pour restaurer la paix et préserver les institutions. »

Mais que peut bien signifier cette « réaffirmation » dans un moment aussi critique ? Que vaut une solidarité exprimée en mots lorsque les faits, eux, tardent à suivre ? La rhétorique du soutien au peuple, répétée à intervalles réguliers, semble se substituer à l’exercice effectif du pouvoir. Or, dans la réalité, le peuple haïtien attend bien plus que des énoncés de principe : il réclame des mesures, une orientation, une reprise en main de l’espace public.

Le lexique employé dans ce message en dit long : on évoque la priorité sécuritaire, la vigilance citoyenne, le soutien aux forces de l’ordre. Mais aucune articulation claire ne lie ces éléments à une stratégie politique cohérente. La Transition agit-elle, ou observe-t-elle ? Pilote-t-elle les institutions ou se contente-t-elle d’un rôle de vigie impuissante ?

Cette posture hésitante interroge. Dès la création du CPT, Fritz Alphonse Jean s’était engagé, avec assurance, à conduire une transition apaisée et à refonder les bases de la gouvernabilité. Mais à mesure que la crise s’approfondit, ses interventions prennent la forme de constats dépourvus de portée opérationnelle. L’appel au soutien des forces de l’ordre semble paradoxal dans un contexte où ces dernières sont elles-mêmes débordées, sous-équipées et souvent livrées à elles-mêmes.

Ce passage progressif d’un langage politique porteur d’engagements à une communication réduite à de simples déclarations traduit une impasse plus profonde : celle d’un pouvoir de transition qui peine à articuler une vision claire, et à incarner une autorité effective. À mesure que les discours se multiplient sans traductions concrètes, le vide de résultats devient d’autant plus perceptible. Et avec lui, s’installe un désenchantement croissant, bien plus retentissant que le bruit des mots, le verbiage convenu de ceux qui prétendent aujourd’hui réécrire l’avenir à travers un référendum-bidon.

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