16 mai 2025
Haïti à l’affiche cette semaine : les braqueurs de la BNC en mouvement
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Haïti à l’affiche cette semaine : les braqueurs de la BNC en mouvement

Une production sans salle mais avec beaucoup de culot
Haïti à l’affiche cette semaine : les braqueurs de la BNC en mouvement

minute de la rédaction

Il n’y a plus de salle de cinéma en Haïti, c’est vrai. Mais qu’à cela ne tienne, le pays continue de produire du spectacle à la chaîne. L’imaginaire collectif est désormais forcé de se contenter de projections mentales, tantôt drôles, tantôt dramatiques, toujours pathétiques. Cette semaine, la vedette revient à un duo improbable, sorti tout droit du répertoire « corruption et démagogie », avec en tête d’affiche : Smith Augustin et Louis-Gérarl Gilles. « Deux braqueurs de banque », dénonce un rapport officiel de l’ULCC, aujourd’hui reconvertis en ambassadeurs et complices autoproclamés du désastre haïtien.

Acte I – Smith à Washington : l’Art de parler pour ne rien dire

Smith Augustin, dont les antécédents brillent moins que sa cravate, a quitté discrètement le chaos haïtien pour aller murmurer à l’oreille de Washington que la situation est grave. Quelle révélation ! Sans lui, qui aurait pu imaginer que Port-au-Prince est contrôlée par des gangs, que l’État est en lambeaux, que la vie humaine vaut moins qu’un gallon de gazoline sur le marché noir ? Heureusement, Smith est là. Déjà suspecté de corruption, il aura au moins eu le mérite d’exporter ses talents jusqu’aux couloirs de la diplomatie. L’ULCC le pointe du doigt ? Bah. Un détail. À Washington, on déroule le tapis rouge : apparemment, les casseroles haïtiennes ne font pas de bruit de ce côté-là. C’est voulu!

Il faut dire que Smith ne vient pas pour retourner avec les mains vides. Il est porteur d’un projet modeste : demander 900 millions de dollars. Ce n’est pas une blague, c’est un budget électoral. Pour organiser des « élections ». En Haïti. Avec un Conseil Électoral sous la coupe d’un gouvernement que Transparency International classe bon dernier dans la région Caraïbe, avec un score digne d’une dissertation rendue en blanc : 16/100. Une performance remarquable. C’est un peu comme donner une carte de crédit à un pyromane pour qu’il aille acheter un extincteur.

Acte II – Louis-Gérarld et les hôpitaux invisibles

Pendant que Smith joue à l’expert en sécurité à Washington, le docteur Louis-Gérald Gilles, lui, tient sa scène locale. Il parle de santé publique. Beaucoup. Passionnément. Éperdument. Cela pourrait être louable, si la majorité des hôpitaux du pays n’étaient pas fermés. Si les malades n’étaient pas obligés de choisir entre mourir chez eux ou mourir en chemin vers un centre médical déserté, san medikaman pafwa .. Mais rien n’arrête le docteur Gilles : ni les cadavres, ni les parturientes accouchant à même le sol, ni les pillages. Il continue d’ânonner ses grands principes de santé, pendant que le système, lui, respire à peine sous respirateur imaginaire.

Et voici que, dans un excès de lyrisme, il célèbre la femme haïtienne. Noble intention, sauf que ladite femme est aujourd’hui la cible privilégiée des gangs. Violée, rançonnée, assassinée. Les commerçantes doivent payer des droits de passage sur chaque portion de territoire gangstérisé. Les sacs de riz de l’Artibonite doivent s’acquitter de leur écot. Mais rassurez-vous : Gilles parle. Il dit. Il dénonce vaguement. Et surtout, il ne fait rien.

Acte III – Referendum, quand tu nous tiens

Pour agrémenter le film, nos scénaristes politiques ressortent une vieille marotte : le référendum constitutionnel. Pourtant, il est écrit noir sur blanc dans la Constitution de 1987 que cette procédure est interdite. Pas ambiguë. Pas floue. Interdite. Mais en Haïti, on lit la loi comme on lit un horoscope : ce qu’on aime, on garde, le reste, on brûle. Ainsi, à l’ONU, on parle d’amendement, de référendum, de modernisation constitutionnelle. Une belle gymnastique intellectuelle, qui ignore royalement ce que le peuple, lui, répète sans relâche : respectez la Constitution.

Final Cut – Pas de ciné, mais un grand écran de honte

Il n’y a plus de Ciné Capitole, plus de Ciné Impérial. Mais Haïti continue de jouer, sous les projecteurs internationaux, un théâtre de l’absurde qui n’amuse plus personne. Deux des braqueurs présumés de la BNC en pleine tournée internationale et environnementale, sans mandat, sans légitimité, sans dignité. Le film s’appelle Haïti 2025, mais il aurait pu s’intituler “Tant qu’il y aura de l’argent à voler, il y aura des rôles à jouer”.

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