19 novembre 2025
Quand des gangs à sapate s’installent à Mirebalais, l’un des messagers du chaos, ‘gangs à cravate’ vient à Washington « pour annoncer mission accomplie »
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Quand des gangs à sapate s’installent à Mirebalais, l’un des messagers du chaos, ‘gangs à cravate’ vient à Washington « pour annoncer mission accomplie »

L’Edito du Rezo

— D’un hôtel à l’autre : Mirebalais encerclée par les gans à sapate, Washington courtisée par les gangs à cravate

Alors que la commune de Mirebalais suffoque sous la pression de groupes armés terroristes en « mission », à Washington DC, un représentant du pouvoir haïtien séjourne paisiblement dans un hôtel de luxe pour vanter les mérites d’une transition politique prétendument maîtrisée mais au vu et su de tous lamentablement échouée. Ce contraste saisissant résume à lui seul l’impasse haïtienne : une population abandonnée à la terreur, pendant que ses dirigeants – « des gangs à cravate à l’instar de BBQ, Izo, Lanmò San Jou…« , dixit le Pasteur Malory Laurent de Salvation Church of God à New York – investissent dans la diplomatie de façade et les récits arrangés sous les cadavres du peuple.

L’ancien député Abel Descollines tire la sonnette d’alarme. Il décrit une ville assiégée, des hauteurs stratégiques contrôlées par les gangs à sapates, installés dans un hôtel dominant l’entrée de Mirebalais. Les appels à l’intervention policière, répétés depuis plusieurs semaines, selon lui, n’ont pas été entendus. « L’État central reste muet ». A l’abandon sécuritaire s’ajoute le sentiment d’un mépris manifeste des autorités pour les territoires qui échappent à leur regard, sinon à leur contrôle, sauf bien sûr le trésor public kap separe ren pou ren les fonds de renseignement.

À des milliers de kilomètres, un autre hôtel accueille une autre figure du désastre haïtien : Smith Augustin, conseiller présidentiel et l’un des « trois braqueurs de la BNC » envoyé à Washington pour, selon les propos du Dr. Renaud Josué de New England Human Rights, informer les partenaires internationaux que « la mission est accomplie » et que « le moment est venu de lancer la prochaine étape : un référendum constitutionnel« . Or, le texte de cette Constitution, qui devrait être au cœur d’un débat démocratique, demeure invisible, introuvable. Aucun Haïtien n’a pu le lire, encore moins le discuter. Cette opacité trahit une manœuvre politique où le simulacre remplace le débat, et où le processus électoral devient un outil de légitimation d’une autorité sans base populaire.

Ce double théâtre – la violence directe à Mirebalais, la violence institutionnelle à Washington (OEA) et le sectre de 2011, élections truquées – révèle une réalité troublante : deux types de gangs s’affrontent dans le silence des institutions. L’un, armé et territorial, s’empare physiquement des espaces pour en faire des territoires perdus ; l’autre, vêtu de cravate et mandaté, colonise les récits et les décisions politiques. Dans les deux cas, la population est exclue. À Mirebalais, elle est menacée. A Washington, elle est instrumentalisée.

Face à cette situation, l’appel de Dr. Renaud à la diaspora haïtienne prend une portée politique et morale. Il ne s’agit pas seulement de dénoncer la présence de l’inculpé Smith Augustin – rapport ULCC – à Washington, mais de rejeter l’ensemble d’un dispositif qui, au nom d’une transition, reproduit les logiques de confiscation et d’abandon. Empêcher la tenue de faux dialogues, refuser les invitations à des consultations de pure forme, c’est affirmer que la souveraineté populaire ne peut être ni simulée ni exportée. Elle se reconquiert sur le terrain, au cœur même de ces Mirebalais, Keskoff, Pont Sondé, Carrefour… laissées pour compte.

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