9 octobre 2025
L’état d’urgence décrété : les chefs de gangs notoires seront-ils enfin neutralisés, ou les militants défendant leur quartier persécutés par le pouvoir Tet Kale/CPT ?
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L’état d’urgence décrété : les chefs de gangs notoires seront-ils enfin neutralisés, ou les militants défendant leur quartier persécutés par le pouvoir Tet Kale/CPT ?

En Haïti, l’état d’urgence vient d’être une nouvelle fois proclamé. Cette décision, répétée à intervalles réguliers depuis plusieurs années, est officiellement justifiée par la volonté de restaurer l’ordre dans un pays en proie à la violence armée.

Pourtant, elle suscite scepticisme, colère et défiance. Les citoyens se demandent si cette mesure aura pour effet de mettre hors d’état de nuire les chefs de gangs les plus redoutés – Barbecue, Izo, Tilapli, Vitelhomme Innocent, entre autres – ou si elle servira plutôt à réprimer les militants qui osent dénoncer la corruption, défendre leur quartier et s’opposer publiquement à la criminalité organisée.

Depuis le gouvernement d’Ariel Henry PHTK-Tet Kale3, jusqu’au Conseil Présidentiel de Transition (CPT), ces proclamations d’état d’exception se succèdent sans que les résultats soient au rendez-vous. Les territoires perdus, loin d’être reconquis, se sont multipliés : Croix-des-Bouquets, Carrefour, ou encore Petit-Roviere de l’Artibonite restent largement sous contrôle de groupes armés terroristes.

La persistance de ces zones de non-droit jette un doute profond sur l’efficacité – voire la sincérité – des autorités publiques de facto dont trois sont accusés de corruption grave.

Plus grave encore, selon plusieurs militants interrogés notamment à Canapé Vert, cet état d’urgence serait un écran de fumée destiné à faire taire la mobilisation populaire. Ces acteurs associatifs pointent du doigt une stratégie visant à museler les voix dissidentes, tout en évitant soigneusement d’engager une offensive réelle contre les chefs de gangs notoires.

Ils affirment également que les fonds publics destinés à l’organisation du carnaval et aux services de renseignement auraient été détournés au profit des membres du CPT, renforçant ainsi le sentiment d’impunité et de collusion entre pouvoir politique et réseaux criminels.

Ce climat de défiance est amplifié par les propos du pasteur Mallory Laurent à New York, qui déclarait dimanche: « Les gangs et les membres du gouvernement ne font qu’un. » Un constat partagé par une frange de plus en plus large de la population, qui s’interroge sur la véritable finalité de cet énième état d’urgence : restaurer l’ordre républicain ou écraser la contestation sociale ?

La question demeure entière : ce décret marquera-t-il un tournant réel dans la lutte contre l’insécurité, ou annonce-t-il une nouvelle phase de répression politique sous couvert de sécurité publique ? Au regard des précédents, nombreux sont ceux qui redoutent que les véritables cibles de cette mesure soient davantage les militants engagés pour la justice et la sécurité, que les puissances armées illégales qui défient l’État depuis tant d’années.

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