Un gouvernement de transition incapable de garantir la sécurité de ses citoyens ne peut, en aucun cas, engager le pays dans la voie des élections, estiment deux anciens parlementaires.
L’ancien représentant de la circonscription de Cerca-Carvajal dans la 50e législature, Antoine Rodon Bien-Aimé, se montre particulièrement tranchant. Il dénonce une stratégie de l’exécutif de transition visant, selon lui, à satisfaire ses partenaires internationaux. En adoptant en Conseil des ministres le décret électoral et en le publiant dans le journal officiel Le Moniteur, le gouvernement, accuse-t-il, ignore les souffrances des familles victimes de l’insécurité et de la violence des gangs.
Le dirigeant de l’Entente nationale (ENA) critique par ailleurs les mécanismes ayant conduit à l’adoption du décret électoral. Comment les conseillers ont-ils pu voter le texte malgré l’absence de quorum, liée à l’absence des conseillers-présidents Fritz Alphonse Jean, Edgard Leblanc et Leslie Voltaire ? Le Conseil présidentiel de transition (CPT) est en train de violer l’accord qu’il a lui-même signé, s’insurge l’ancien parlementaire, appelant au départ de l’exécutif de transition.
Pour l’ancien député de Marigot, Déus Desroneth, le CPT et le gouvernement cherchent à préparer le terrain pour l’organisation d’élections en 2026. Il qualifie la publication du décret électoral de « pas dans la bonne direction », une action allant « dans le bon sens ». Toutefois, selon lui, le pouvoir de transition s’attache à répondre aux préoccupations de la communauté internationale tout en niant les défis majeurs auxquels le pays est confronté.
En omettant d’inscrire à l’ordre du jour du Conseil des ministres la question de la violence armée qui sévit à L’Estère, Pont-Sondé ou encore Arcahaie, le pouvoir de transition minimise la détresse de la population. Aucune réaction du CPT face aux nombreuses victimes des atrocités commises par les gangs n’a été enregistrée, déplore l’ancien élu de Marigot. À propos du massacre perpétré par le groupe « Viv Ansanm » dans la zone de Kajak, Déus Desroneth alerte sur la progression inquiétante des bandits dans le Sud-Est. Il appelle la PNH à agir de manière anticipée afin d’éviter d’autres territoires perdus.
Hervé Noël
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