minute de la rédaction
Depuis la mise en place du Conseil Présidentiel de Transition (CPT) en avril 2024, le pays en est réduit à une forme de gouvernance basée sur la diffusion de communiqués de presse à la place d’une communication politique transparente et participative. Cette méthode, privilégiée par le CPT, réside dans la publication de communiqués succincts pour annoncer les « grandes » décisions, sans explications détaillées ni dialogue avec la presse independante, les citoyens ou les institutions concernées. Ce mode de fonctionnement remet en cause la dimension éthique du processus de prise de décision en cours.
La gestion des affaires publiques par voie de communiqués officiels, sans débat public ni transparence institutionnelle, reflète une évolution inquiétante vers l’opacité. En l’absence de conférence de presse ou de consultation des corps intermédiaires, cette méthode limite la participation des citoyens et affaiblit le processus de réforme démocratique. Dans le même temps, la situation sécuritaire du pays s’est considérablement détériorée. Les bandes criminelles ont resserré leur emprise sur une grande partie de Port-au-Prince, rendant l’accès aux services de base de plus en plus difficile pour la population. Cette précarité galopante a entraîné des déplacements massifs de population et une crise humanitaire sans précédent.
Devant cette accumulation de crises, le silence de l’État commence à devenir une source d’inquiétude majeure. Désormais, il ne s’agit plus seulement d’un immobilisme, mais d’une stratégie de pouvoir destinée à marginaliser le débat, à éviter la critique et à ignorer l’urgence. Cette posture jette un doute sur la capacité du CPT à mener à bien la transition « démocratique » tant attendue.
La prise de fonction de Fritz Alphonse Jean à la tête du CPT prend place dans ce décor troublé. L’économiste et ancien gouverneur de la banque centrale hérite d’une situation complexe, émaillée d’allégations de corruption au sein même du conseil d’administration et de la persistance de la violence des gangs. Sa capacité à instaurer une gouvernance efficace et transparente est déterminante pour la confiance des citoyens.
Le CPT se doit donc d’adopter un style de communication plus accessible et plus engageant, afin de permettre aux citoyens de comprendre les décisions qui les concernent.

