L’administration Trump a déclenché une onde de choc au sein de la communauté haïtienne de Long Island en annonçant la suppression du statut de protection temporaire (TPS) pour les immigrants haïtiens. La décision du 20 février du Département de la Sécurité intérieure (DHS) met en péril des milliers de familles et bouleverse l’équilibre socio-économique de la région.
Présentée comme une mesure visant à mettre fin à des politiques jugées trop permissives en matière d’immigration, cette décision s’inscrit dans la volonté affichée par Donald Trump de durcir les règles migratoires. Une position vivement dénoncée par la députée de l’Assemblée de l’État de New York, Michaelle Solages, qui fustige une décision aussi injuste qu’incohérente avec la réalité de Long Island et du pays.
En première ligne pour défendre les droits des Haïtiens sous TPS, Solages rappelle leur rôle essentiel dans l’économie locale, notamment dans les secteurs de la santé, de l’éducation et de l’entrepreneuriat. Priver ces travailleurs de leur statut légal revient, selon elle, à fragiliser non seulement leur avenir, mais aussi celui de l’État de New York dans son ensemble.
Instauré en 1990, le TPS permet aux ressortissants de pays confrontés à des crises majeures – catastrophes naturelles, conflits armés ou instabilité politique – de bénéficier d’un statut temporaire leur offrant la possibilité de vivre et travailler légalement aux États-Unis. Pour les Haïtiens, ce statut avait été prolongé à la suite du séisme dévastateur de 2010. Avec cette annonce, leur protection expirera le 3 août prochain, mettant des milliers de personnes en situation de précarité.
Selon le Migration Policy Institute, Nassau County abrite environ 16 500 résidents d’origine haïtienne et Suffolk près de 9 000. D’après l’American Immigration Council, 21 000 Haïtiens titulaires du TPS vivent dans l’État de New York. Pour beaucoup, les États-Unis sont devenus leur seul foyer depuis plus d’une décennie. Nombre d’entre eux ont fondé des familles, avec des enfants citoyens américains.
Face à cette réalité, le choix imposé par la décision du DHS est déchirant : quitter le pays ou se retrouver dans l’illégalité, exposés à une expulsion imminente. Certains parents risquent de devoir partir en laissant leurs enfants derrière eux. Une situation intolérable, selon Solages, qui redoute des conséquences désastreuses sur le tissu familial et social.
Le constat est partagé par la représentante au Congrès Laura Gillen, qui juge la mesure brutale et irresponsable. Loin de répondre à une quelconque nécessité légale, elle condamne, selon elle, des familles entières à un retour forcé dans un pays ravagé par la violence des gangs et l’instabilité politique. Une réalité qui équivaut, dans certains cas, à une condamnation à mort.
Alors que les appels à l’abandon de cette politique se multiplient, Solages s’emploie à mobiliser des avocats pour engager des recours en justice contre l’administration Trump et fournir un accompagnement juridique aux Haïtiens concernés. L’objectif est clair : informer, défendre et empêcher la mise en œuvre de ce qu’elle considère comme une grave erreur politique.
Derrière cette décision, c’est aussi une méconnaissance de l’histoire de l’immigration aux États-Unis qui transparaît, selon la députée new-yorkaise. À ses yeux, l’expulsion massive de milliers de ressortissants haïtiens ne menace pas seulement l’équilibre des communautés locales, mais contribue aussi à fragiliser un pays déjà plongé dans le chaos. Une responsabilité que l’administration Trump semble, pour l’instant, ignorer.
