Par Patrick Prézeau Stephenson
Si le système éducatif haïtien avait besoin d’une chose, c’était sûrement d’une touche de jeunesse, de charme et d’inexpérience diplomatique. Voici donc Sterline Civil, une étoile montante de 30 ans dont le CV ressemble moins à celui d’une réformatrice de l’éducation qu’à un rêve de mondaine bien connectée.
La dernière décision du Conseil Présidentiel de Transition (CPT) suggère qu’en matière de gestion du Fonds National de l’Éducation (FNE)—une institution censée financer les écoles en difficulté du pays—la compétence est facultative, mais les bonnes relations sont indispensables.
De la diplomatie à la sauveuse de l’Éducation ?
Le parcours de Sterline Civil relève du miracle. Dans un pays où les jeunes professionnels doivent lutter pendant des décennies pour se faire un nom, elle entre à 27 ans au Ministère des Affaires Étrangères comme Directrice des Affaires Consulaires, avant d’être propulsée Ministre Conseiller à l’ONU. Son ascension est-elle due à son expertise en relations internationales ? À ses contributions révolutionnaires en matière de politique éducative ? Non—son principal atout semble être son association avec Claude Joseph, ancien ministre des Affaires Étrangères et Premier ministre, qui l’a fait monter en flèche.
Aujourd’hui, après un passage dans l’entourage de Smith Augustin—un conseiller présidentiel impliqué dans un scandale de corruption avec la Banque Nationale de Crédit (BNC)—Sterline Civil est pressentie pour prendre la tête du FNE. Car, évidemment, qui de mieux pour gérer les finances de l’éducation haïtienne qu’une diplomate dont la carrière a été façonnée par le copinage politique ?
L’argent de la Diaspora, le jouet des politiques
Le FNE est censé être l’une des institutions les plus précieuses d’Haïti. Il est principalement financé par les contributions de la diaspora haïtienne, ces citoyens qui ont quitté le pays mais continuent de croire en l’éducation comme moteur de changement. Chaque dollar prélevé sur leurs transferts est destiné à améliorer l’accès à l’école, à fournir du matériel scolaire et à assurer un avenir aux enfants du pays.
Mais soyons honnêtes : à quoi bon la compétence quand on a un « joli minois » et les bons amis ?
Cette nomination est bien plus qu’un simple arrangement politique : c’est une insulte au peuple haïtien. Elle envoie un message clair : la crise éducative haïtienne peut bien attendre, tant que les arrangements entre amis continuent.
Encore plus troublant, cette nomination semble être une manœuvre calculée pour renforcer un réseau d’influence opaque, mêlant politiques, médias et cercles gouvernementaux.
Prenons l’exemple de Corvington Jean, directeur de Radio Télé Métronome et compagnon de Sterline Civil. Son média est connu pour orienter les récits médiatiques au profit du pouvoir en place. Imaginez maintenant le cocktail explosif : une diplomate parachutée au FNE, un journaliste influent à ses côtés, et un appareil de communication prêt à justifier l’injustifiable.
Les véritables victimes : Les enfants haïtiens
Pendant que l’élite politique d’Haïti s’attribue des postes confortables, la réalité sur le terrain est catastrophique.
• Des milliers d’enfants sont privés d’éducation à cause de l’insécurité.
• Les écoles ferment faute de moyens.
• Les enseignants ne sont pas payés pendant des mois.
Et pourtant, le CPT semble croire que le FNE a avant tout besoin d’une diplomate inexpérimentée plutôt que d’un spécialiste en gestion éducative ou en finances publiques.
Un appel à la transparence—ou une déclaration de guerre ?
L’annonce de cette nomination a déclenché une véritable onde de choc. Dans la diaspora, les réactions sont explosives : ceux qui financent le FNE à travers les prélèvements sur les transferts de fonds sont furieux de voir leur argent transformé en monnaie d’échange politique.
Des voix commencent à s’élever en Haïti pour dénoncer une prise en otage du secteur éducatif. Certains opposants politiques vont même plus loin : si cette nomination est maintenue, cela pourrait marquer le début d’une révolte similaire à celle qui a fait chuter Ariel Henry en 2024.
Un test pour le CPT : Le clientélisme ou la compétence ?
Cette affaire dépasse largement le cadre d’une simple nomination. Elle représente un test crucial pour le CPT : ce gouvernement de transition est-il là pour corriger les erreurs du passé ou pour reproduire les mêmes pratiques douteuses ?
Le peuple haïtien et sa diaspora méritent mieux. L’éducation haïtienne mérite mieux. Il est temps de choisir entre le copinage politique et l’avenir de la jeunesse haïtienne.
Contact Médias Patrick Prézeau Stephenson: Éditeur manifeste1804@gmail.com
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