18 mars 2025
CSPN et Fils-Aimé : l’art des communiqués de presse sans lendemain
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CSPN et Fils-Aimé : l’art des communiqués de presse sans lendemain

L’Edito du Rezo

L’éternelle danse des promesses de Fils-Aimé : CSPN et les communiqués d’inaction . Avant que ne résonnent les tambours du Carnaval, un Haïtien peut-il arpenter la Nationale 1, de la vaste plaine du Cul-de-Sac jusqu’aux Gonaïves, en marquant un arrêt à Cabaret et Pont-Sondé, sans que l’ombre de l’insécurité ne vienne ternir son voyage ?

A Port-au-Prince, loin du Bicentenaire où siégeait la Primature, une scène familière s’est rejouée dans les milieux gouvernementaux haïtiens le samedi 8 février 2025. Une nouvelle réunion « d’urgence » du Conseil Supérieur de la Police Nationale (CSPN) a été convoquée sous les projecteurs de la Primature, ponctuée de mots creux et de déclarations qui rivalisent d’ambition. Une fois de plus, le Premier Ministre Alix Didier Fils-Aimé promet de rétablir l’ordre, d’éradiquer les gangs et de permettre à une population meurtrie de « prendre son destin en main ». En rejetant le candidat Fils-Aimé comme sénateur de l’Ouest, il fait déjà preuve de maturité.

Mais les actes semblent refuser obstinément de suivre le flot des discours. La réunion de ce samedi pourrait presque passer pour une routine bureaucratique, un geste symbolique destiné davantage aux caméras qu’à l’efficacité. Depuis l’entrée en fonction de M. Fils-Aimé, trois massacres majeurs ont déjà entaché son bilan, sans qu’aucune mesure tangible ne soit prise pour en prévenir d’autres. La tragédie de Kenscoff, où des dizaines d’innocents ont péri sous les balles des gangs, aurait pu être évitée, de son propre aveu, si les renseignements disponibles avaient été pris au sérieux.

Mais le véritable scandale réside dans l’apparente normalisation de cette violence. Les réunions du CSPN, aussi fréquentes soient-elles, n’ont rien d’extraordinaire : elles réunissent des fonctionnaires payés par le trésor public pour accomplir un devoir qui, logiquement, devrait être continu et automatique. Quel est l’intérêt d’annoncer bruyamment ce qui devrait être une responsabilité quotidienne ? Les communiqués de presse, truffés de phrases rhétoriques et d’un lyrisme de façade, n’offrent que peu de répit à une population qui exige des résultats et non des déclarations.

Pendant ce temps, l’État, qui se dit dépassé par la violence, trouve le moyen de débloquer des fonds pour les festivités du carnaval. Une ironie amère, au regard des plus de 5 000 morts enregistrés en 2024, sans parler des milliers de sans-abri abandonnés à leur sort. Les priorités semblent brouillées, voire inversées : gouverner pour l’image, plutôt que pour le peuple.

Les derniers événements survenus en Haïti offrent une leçon claire et brutale : les communiqués ne sauveront pas des vies. Tant que les promesses resteront lettre morte, tant que l’État ne fera pas preuve d’une réelle volonté de s’attaquer aux causes profondes des problèmes, la crise sécuritaire continuera de s’aggraver. Les Haïtiens n’attendent pas des paroles, mais des actes. Pour l’instant, leur patience est mise à rude épreuve et leur foi en un avenir meilleur vacille.

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