Port-au-Prince, février 2025
Lettre ouverte de la Centrale Unitaire des Travailleurs. euses des Secteurs Public et Privé d’Haïti (CUTRASEPH) au Président et aux autres Membres du Conseil Présidentiel de Transition.
Monsieur le Président et Madame/ Messieurs les autres Membres du Conseil Présidentiel de Transition,
Le Directoire de la *CUTRASEPH* vous salue au nom de la Patrie commune et vous demande de bien vouloir vous pencher , dans le cadre de vos, responsabilités légales, sur la crise éducative qui s’aggrave ainsi que sur la terrible crise sécuritaire qui bloque le fonctionnement normal du pays.
Il n’a pas échappé à notre attention que dans votre discours de prise de fonction en tant que Président du *CPT,* vous aviez pris l’engagement d’oeuvrer, de concert avec vos pairs, à la stabilisation des institutions, au fonctionnement régulier des pouvoirs publics et au renforcement de la sécurité sur le territoire.
Monsieur le Président, Madame/ Messieurs les autres Membres du Conseil Présidentiel de Transition,
Le Directoire de la *CUTRASEPH* tient à vous rappeler que la crise complexe qui secoue le monde de l’éducation en Haïti s’est aggravée encore plus depuis un mois en particulier avec le mouvement de mobilisation des enseignants/tes et des élèves entrainant la fermeture des écoles publiques. Les enseignants/tes réclament un traitement approprié et digne, le respect scrupuleux de leurs droits afin de pouvoir exercer correctement leur noble métier. Ce pour le plus grand bien de la nation.
Ils exigent, outre une véritable réforme éducative, l’octroi d’une carte de débit avec un montant de 25000 gourdes, la remise des chèques le 25 au plus tard de chaque mois, l’ajustement salarial, le paiement intégral des arriérés de salaire, la nomination de tous les enseignants qualifiés et des étudiants/tes stagiaires avec deux chaires, l’alignement de salaire du personnel administratif, l’adoption d’une grille salariale avec un salaire de base raisonnable, la fin de l’insécurité planifiée pour la reprise des activités scolaires au niveau de tous les territoires déclarés perdus, l’accès assuré à une formation continue, à un matériel pédagogique adéquat y compris la disponibilité régulière d’un plat chaud dans les écoles.
La solution globale d’une telle crise et particulièrement la satisfaction des justes et légitimes revendications des enseignants/ tes nécessite l’implication non seulement du Ministère de l’Education Nationale et de la Formation Professionnelle mais aussi celle de toutes les instances de l’Etat. C’est la raison pour laquelle le Directoire de la *CUTRASEPH* a tenu à vous adresser cette lettre après celles déjà adressées au Ministre de l’Education et au Premier ministre pour leur demander d’assumer leur responsabilité en adoptant les mesures nécessaires au déblocage de la situation qui reste pratiquement à l’arrêt malgré la signature de l’accord provisoire du 20 janvier dernier, accord qui n’a pas satisfait la majorité des enseignants/tes en grève.
Les enseignants/tes ont, en effet, souligné l’absence de plusieurs points essentiels qu’ils/elles demandent d’insérer au niveau de l’accord provisoire afin de permettre le déblocage de la situation et de faciliter le retour en salle de classe des enseignants/tes le plus vite que possible. Mais le Ministre de l’Education, Augustin Antoine et le Premier ministre, Alix Didier Fils-Aimé semblent ne pas comprendre assez la gravité de la situation et le niveau d’insatisfaction et de frustration des enseignants/tes et surtout des élèves après plus d’un mois hors de leurs salles de classe.
Cette insatisfaction notable et le comportement peu responsable de certains dirigeants qui trainent les pieds au lieu d’agir en conséquence, augmentent la frustration des enseignants/tes et des élèves et le risque d’explosion. Or, la situation générale actuelle du pays est quasiment explosive.
Donc, s’arroger le droit de trainer les pieds en pareil cas parait évidemment irresponsable, irréaliste, imprudent et même dangereux. Car,la mobilisation des enseignants/tes et des élèves se poursuit et ils n’entendent pas baisser les bras comme l’espèrent certains dirigeants imprudents oubliant que diriger c’est prévoir.
Face à cette situation, le Conseil Présidentiel de Transition, la plus haute instance de l’État, a la responsabilité de jouer sa partition en vue de faciliter la reprise rapide des négociations qui doivent aboutir à des réponses satisfaisantes capables de débloquer la situation au niveau national. Les enseignants et les élèves qui continuent à gagner les rues au niveau de plusieurs départements attendent avec impatience le minimum de satisfaction réclamée. Ils comptent sur le sens de responsabilité, de clairvoyance et de prévoyance des Membres du *CPT* pour aider à dénouer la situation et permettre la reprise normale des cours dans un bref delai.
Pour cela, s’avère nécessaire l’organisation, au plus vite, d’une rencontre spéciale de négociation avec tous les représentants des syndicats en vue d’ajuster l’accord provisoire jugé insuffisant en y intégrant les points manquants.
Monsieur le Président, Madame/ Messieurs les autres Membres du Conseil Présidentiel de Transition,
Il importe d’attirer également votre attention sur la nécessité d’apporter des réponses conséquentes en ce qui a trait à l’épineux problème de l’insécurité qui limite la possibilité de déplacement des citoyens/nes et notamment des écoliers, des enseignants, du personnel administratif, entrave le fonctionnement d’un grand nombre d’établissements scolaires et d’autres institutions.
En effet, le rôle premier de l’État n’est-il pas celui de garantir la sécurité au sens le plus large de la cité ? Hannah Arendt, philosophe allemande, à travers son ouvrage titré » Qu’est que la Politique » rappelle : « La tâche et la fin de la politique consistent à garantir la vie au sens le plus large ».
Aujourd’hui, en Haïti, l’État parvient-il à garantir la vie des citoyens/nes qui sont quotidiennement exposés à la violence aveugle des terroristes en mission commandée ? Ces groupes de terroristes organisés et disséminés à dessein à travers divers départements géographiques du pays violent, tuent, massacrent, ôtent la vie comme bon leur semble. Dans son discours d’investiture du 7 octobre 2024, le Président du CPT avait pourtant suscité l’espoir en promettant et affirmant : « Notre priorité est claire : restaurer la sécurité dans tout le pays. Des mesures fermes et immédiates seront prises pour protéger chaque citoyen. » Le Peuple Haïtien, attend, au-delà de cette promesse, la manifestation d’une assez grande volonté politique de combattre réellement ces groupes de terroristes à travers des actes concrets, la définition, en toute autonomie, d’une stratégie efficace, appropriée et la mise à la disposition des forces de l’ordre, non inféodées aux groupes de terroristes, de moyens adéquats.
Monsieur le Président, Madame/ Messieurs les autres Membres du Conseil Présidentiel de Transition,
Nous vous invitons à prendre en considération les justes et légitimes revendications des enseignants/tes et à adopter ainsi, de concert avec le Ministère de l’Éducation Nationale et la Primature les mesures qui s’imposent afin de garantir le minimum de satisfaction réclamée et de permettre le retour en classe des enseignants/tes et ensuite à mieux mesurer la dimension de la crise sécuritaire afin de pouvoir y apporter les réponses adaptées.
Espérant que vous comprendrez le sens de notre démarche et que suite célère y sera donnée, nous vous prions de recevoir, *Monsieur le Président, Madame/ Messieurs les autres Membres du Conseil Présidentiel de Transition,* nos salutations patriotiques.
Pour le Directoire :
Josué MÉRILIEN, Secrétaire Général
Ferdinand JEAN-MARY, Secrétaire Général- Adjoint
Esther ELOY,Secrétaire Général-Adjoint
Garry LAPIERRE,Secrétaire à la Communication
Péguy NOËL,Secrétaire aux Archives
Bathol ALEXIS,Secrétaire aux Relations publiques
Hérold Charles CIVIL,Secrétaire à la Formation
Yvette PAUL,Secrétaire aux Affaires Féminines
Junior GEORGES,Secrétaire aux Relations
Internationales
Wilson CHARLES,Secrétaire aux Finances
Ainé MARTIN,Secrétaire aux Affaires Juridiques
Patrick HYPPOLITE, Secrétaire à l’Organisation
Jean -Kenson CHERY ,Délégué
Louiné JOSEPH, Conseiller
Me Jean Garby BRITUS ,Conseiller
Lentz Jika MAIGNAN ,Conseiller
Schelomith DORVIL,Conseiller