Kenya : Arrestation du gouverneur de Bomet, une chute sous le poids de la corruption
Le rideau est tombé sur l’administration du gouverneur de Bomet, Hillary Barchok, emporté par une vague de soupçons qui s’est matérialisée en interpellation brutale. Jeudi 6 février, les enquêteurs de la Commission d’éthique et de lutte contre la corruption (EACC) ont investi les bureaux du comté dans une opération qui marquera sans doute un tournant dans la lutte contre la malversation des fonds publics. L’homme fort de Bomet, élu sous la bannière du United Democratic Alliance (UDA), n’a pu esquiver la tempête qui couvait depuis des mois, alimentée par des dénonciations persistantes de détournements de fonds au sein de son administration.
L’enquête, minutieusement menée, n’aura laissé aucune issue à celui qui, il y a encore quelques années, promettait aux électeurs un comté prospère et bien géré. La corruption, ce spectre omniprésent qui gangrène les institutions kényanes, semble avoir rattrapé un autre haut dignitaire, dont le nom vient s’ajouter à la longue liste de responsables pris dans l’étau judiciaire. Conduit sous escorte policière aux bureaux régionaux de l’EACC de South Rift, à Nakuru, Barchok devra répondre aux multiples questions des enquêteurs, qui cherchent à reconstituer les méandres d’un système opaque d’allocation de fonds.
L’arrestation du gouverneur ne survient pas dans un vide politique. La pression montait, alimentée par des législateurs locaux qui, las de l’opacité administrative, avaient fini par exiger des comptes. Cette fronde interne, couplée à la vigilance accrue des instances de contrôle, a vraisemblablement précipité l’action de l’EACC, déterminée à frapper fort dans un contexte où la lutte contre la corruption demeure l’un des principaux chevaux de bataille du gouvernement central.
Mais au-delà de l’onde de choc politique que représente l’arrestation d’un gouverneur en exercice, c’est la question de la reddition des comptes qui refait surface, interrogeant l’efficacité des dispositifs de contrôle et la culture d’impunité qui semble s’être enracinée dans les hautes sphères du pouvoir. Le comté de Bomet, aujourd’hui au cœur du scandale, incarne les paradoxes d’une gouvernance en péril, où l’argent public devient trop souvent une manne au service d’intérêts particuliers.
