17 mars 2025
Justice zéro après 3 massacres majeurs, des milliers de morts et de déplacés, mais 4 millions de dollars pour un carnaval : « vol organisé », dénonce le NEHRO
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Justice zéro après 3 massacres majeurs, des milliers de morts et de déplacés, mais 4 millions de dollars pour un carnaval : « vol organisé », dénonce le NEHRO

En Haïti, l’apocalypse est un décor permanent. Et le gouvernement, un orchestre qui joue pendant l’agonie de son peuple.

Port-au-Prince — Tandis que les rues de la capitale s’enlisent dans le fracas des armes et l’écho assourdissant de la détresse, le gouvernement haïtien débloque plus de 500 millions de gourdes – environ 4 millions de dollars – pour financer un carnaval. Une danse grotesque sur les cendres d’une nation à l’agonie.

Ce financement, attribué par un gouvernement dont la légitimité dépend des tractations de la CARICOM, suscite une indignation farouche. Le docteur Josué Renaud, directeur exécutif de NERHO (New England Human Rights Organization), fustige un « vol organisé », dénonçant l’implication directe du ministre de la Justice dans le comité carnavalesque. Ironie tragique, alors même qu’un rapport accablant de l’ONU met en lumière une explosion de violences, en particulier contre les femmes et les enfants.

Un carnage à huis clos : les chiffres de l’effroi

Les statistiques sont glaçantes : en 2024, pas moins de 5 626 personnes ont été tuées, tandis que 2 213 autres ont été blessées sous les balles des gangs armés, désormais véritables seigneurs d’un territoire où l’État s’efface. Ces chiffres, en augmentation de plus de 1 000 morts par rapport à l’année précédente, témoignent d’une spirale infernale qui semble irrémédiable.

Les Nations Unies alertent sur une détérioration alarmante de la sécurité en Haïti. Le dernier trimestre de 2024 a été marqué par une flambée d’attaques d’une brutalité inouïe. Trois massacres majeurs, d’une violence presque médiévale, ont laissé derrière eux plus de 300 cadavres.

Le quartier de Wharf Jérémie, bastion gangrené de Port-au-Prince, a été le théâtre d’une tuerie apocalyptique : entre le 6 et le 11 décembre, au moins 207 personnes ont été exécutées sous les ordres du chef de gang Monel Félix, alias « Micanor ». L’homme accusait les victimes – pour la plupart âgées – de pratiquer le vaudou, les tenant responsables de la mort de son enfant. Dans un carnage d’une barbarie indicible, ses hommes ont exécuté des habitants dans leurs maisons, incendié des corps, et démembré des cadavres pour effacer toute trace de leur passage. Aucun membre des forces de l’ordre n’a tenté d’intervenir.

Scénario similaire dans la plaine de l’Artibonite, où les localités de Pont Sondé et Petite Rivière ont été ravagées par des offensives coordonnées, laissant 170 morts dans leur sillage. En réponse, des groupes d’autodéfense ont déclenché des représailles, plongeant encore davantage le pays dans une spirale de vengeance aveugle.

Exécutions extrajudiciaires : un État au banc des accusés

Dans un tableau digne d’une dystopie, les forces de sécurité haïtiennes elles-mêmes sont accusées d’exactions massives. Le rapport de l’ONU recense plus de 250 exécutions sommaires commises par la police en 2024, dont deux enfants. Des arrestations arbitraires se concluent trop souvent par des exécutions à bout portant, y compris contre des marchands ambulants et des chauffeurs de moto-taxi qui n’avaient pour seul tort que de ne pas pouvoir présenter une pièce d’identité.

La justice elle-même n’est pas en reste : à Miragoâne, le procureur a personnellement supervisé six exécutions extrajudiciaires. À l’échelle nationale, les magistrats sont soupçonnés d’être responsables de 42 meurtres en 2024.

L’impunité est totale. Depuis juin 2023, aucun officier de police n’a été soumis à un processus de vérification. L’État haïtien semble avoir abandonné toute velléité de contrôle, laissant libre cours à une anarchie où seuls les plus violents imposent leur loi.

L’enfance sacrifiée : entre viols et enrôlements forcés

Les femmes et les enfants sont devenus les premières victimes de l’effondrement sécuritaire. En l’espace de quelques mois, les cas de viols et de violences sexuelles ont bondi de manière exponentielle. 94 cas de viols et d’exploitation ont été officiellement recensés au dernier trimestre 2024 – un chiffre dérisoire au regard de la réalité bien plus sombre de ce fléau.

Dans les zones contrôlées par les gangs, les femmes sont réduites à l’état de trophées de guerre, victimes d’agressions systématiques destinées à asseoir l’hégémonie des chefs de bande.

Quant aux enfants, ils ne sont pas épargnés. Les enlèvements ont augmenté de 150 % en une année, avec une cible privilégiée : les mineurs. Selon l’UNICEF, les groupes armés enrôlent de force des garçons dès l’âge de 12 ans, les utilisant comme soldats, kidnappeurs ou exécutants dans des opérations d’extorsion et de règlement de comptes.

Une justice en coma dépassé

Face à ce déchaînement de violence, l’appareil judiciaire reste inerte.

Si des nominations ont récemment été effectuées pour tenter de relancer la machine judiciaire, aucune avancée notable n’a été enregistrée dans l’enquête sur les massacres de Pont Sondé et Wharf Jérémie. À ce jour, aucune arrestation significative n’a été effectuée.

Le Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé, bien que soucieux de donner l’apparence d’une prise en main, n’a pas su traduire en actes ses promesses de justice.

La réponse internationale : un murmure face au chaos

Alors que plus d’un million de personnes sont aujourd’hui déplacées et que la crise humanitaire atteint un seuil critique, la communauté internationale s’embourbe dans des déclarations d’intention.

Le Haut-Commissaire aux droits de l’homme, Volker Türk, a exhorté à un renforcement urgent de la mission multinationale de sécurité (MSS). Mais sur le terrain, la réalité demeure inchangée : les gangs prospèrent, les armes circulent sans entraves, et les navires transportant des cargaisons mortelles continuent d’affluer vers Haïti, malgré les résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU.

Danser sur un champ de ruines

Pendant ce temps, l’exécutif haïtien orchestre un carnaval fastueux, une mascarade déconnectée d’un pays qui vacille sous le poids de l’horreur. Peut-on réellement festoyer dans un cimetière à ciel ouvert ?

Tandis que les corps jonchent les rues de Port-au-Prince et que les cris de détresse se perdent dans l’indifférence institutionnelle, la classe dirigeante s’abandonne à la frivolité.

source: Human rights situation in Haiti remains ‘very alarming’, UN report finds

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