3 octobre 2025
Le ballet des officiels à l’Aéroport Toussaint Louverture reprend
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Le ballet des officiels à l’Aéroport Toussaint Louverture reprend

Carnaval, massacres et priorités aéroportuaires : Le Ballet des Officiels à Toussaint Louverture

minute d ela rédaction

Il y a des coïncidences qui ne trompent pas. Deux visites officielles en deux jours à l’aéroport international Toussaint Louverture ? Voilà un agenda bien chargé pour nos dirigeants, qui semblent redécouvrir subitement l’importance du secteur aérien. À croire qu’ils prennent enfin conscience que les pistes d’atterrissage sont aussi essentielles que les pistes de danse du carnaval.

5 février 2025 – Fritz Jean : La visite « technique »

Le Conseiller-Président Fritz Alphonse Jean, homme préoccupé par les affaires sérieuses (du moins en apparence), a tenu à faire un arrêt au sommet de la tour de contrôle. On l’imagine gravement penché sur les écrans radars, hochant la tête avec solennité, pendant que les responsables de l’OFNAC et de l’AAN lui exposaient les défis du secteur aérien. Entre deux sourcils froncés, on l’a vu s’entretenir avec la Police Touristique. Car oui, après tout, garantir la sécurité des touristes est fondamental… surtout quand on sait que la population, elle, n’a même plus la garantie de rentrer chez elle vivante.

Il aurait été intéressant qu’entre un rapport sur le trafic aérien et une poignée de mains protocolaire, on évoque les véritables turbulences du pays : celles qui ne relèvent pas de l’aviation, mais de l’atterrissage forcé d’Haïti dans le chaos. Mais non, la priorité du jour, c’était la tour de contrôle. Peut-être pour mieux voir de là-haut les massacres qui s’accumulent en contrebas.

6 février 2025 – Alix Didier Fils-Aimé : La visite « démolition et carnaval »

Le lendemain, c’était au tour du Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé de fouler le tarmac. Son programme ? Contempler l’avancée spectaculaire des « travaux de sécurisation ». Autrement dit, il est venu vérifier que les bulldozers faisaient bien leur travail : raser les alentours de l’aéroport, histoire de donner l’illusion d’un pays qui se remet en ordre. Certes, la FAA a ses exigences, mais le peuple, lui, aurait peut-être d’autres priorités avant de se préoccuper de la mise aux normes d’un aéroport où personne n’a plus les moyens de s’envoler.

Bien sûr, la rhétorique était rodée : « sécuriser l’aéroport, c’est vital pour l’économie ». Mais soyons honnêtes, s’il s’agit de sécuriser l’arrivée de la diaspora pour le carnaval, autant le dire franchement. Après tout, entre deux chars allégoriques et un concert de rara, on pourra toujours leur expliquer que Kenscoff vient d’entrer dans la longue liste des villes endeuillées par un énième massacre sous le Conseil Présidentiel de Transition (CPT).

Parce que oui, pendant que nos hauts dignitaires se préoccupent des pistes d’atterrissage, des bulldozers et des certifications internationales, Haïti continue de pleurer ses morts. Kenscoff, dernier théâtre du macabre, se fond dans le décor sanglant du pays.

Mais pas d’inquiétude ! Les officiels veillent. Non pas sur les victimes, mais sur la modernisation de l’aéroport. Les bandits continueront à terroriser les rues, mais au moins, on pourra rassurer la FAA et la diaspora : l’avion pourra atterrir en toute sécurité. Quant aux Haïtiens, ils n’ont qu’à se débrouiller pour survivre au sol.

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