Le président colombien, Gustavo Petro, s’apprête à entamer son premier voyage international de l’année 2025 avec une destination inattendue : Haïti. Dans un contexte d’instabilité politique et sociale qui secoue le pays caribéen, cette visite suscite autant d’interrogations que d’attentes. Prévue pour le mercredi 22 janvier, cette visite marque un choix symbolique, renforcé par la ville choisie pour l’accueil : Jacmel, la première cité visitée par Simón Bolívar en 1816, lors de son exil. Cette allusion historique confère une dimension particulière à l’événement, inscrivant cette rencontre dans la continuité des liens entre les deux nations.
Au cours de son séjour, Petro tiendra des réunions de haut niveau avec les représentants du gouvernement haïtien. Les discussions porteront sur des sujets d’intérêt commun, bien que les détails précis des agendas restent en grande partie confidentiels. L’un des thèmes qui pourrait émerger des échanges concerne le sort des mercenaires colombiens détenus en Haïti, accusés d’implication dans l’assassinat du président Jovenel Moïse en 2021. Cette affaire, particulièrement sensible, ajoute une charge diplomatique à ce déplacement.
Cependant, ce voyage intervient dans un contexte national complexe. La semaine précédente, le gouvernement colombien avait annoncé un plan d’austérité, lors d’un sommet stratégique réunissant tout le cabinet. Parmi les mesures évoquées figurait une réduction des déplacements internationaux des responsables gouvernementaux, ainsi qu’une rationalisation des dépenses de l’État. Alexander López, directeur national de la planification, avait alors affirmé que des campagnes publicitaires coûteuses seraient annulées et que les ressources nationales seraient priorisées pour des projets d’investissement locaux. Cette décision visait à maximiser l’efficacité du budget général et à répondre aux besoins prioritaires du territoire colombien.
La décision de Petro de maintenir ce voyage malgré ces contraintes budgétaires a provoqué des réactions diverses. Si certains y voient un geste diplomatique audacieux et symbolique, d’autres critiquent une éventuelle incohérence avec les objectifs de rationalisation annoncés. Les détracteurs rappellent également que le président a été qualifié de « chef d’État le plus voyageur » par plusieurs secteurs politiques, soulignant une tendance qui pourrait entrer en contradiction avec les politiques d’austérité récemment énoncées.
Au-delà des critiques, ce voyage est porteur d’enjeux géopolitiques et historiques importants. En rendant hommage aux liens qui unissent la Colombie et Haïti depuis l’époque de Bolívar, Petro cherche probablement à renforcer la coopération entre les deux pays et à raviver un dialogue bilatéral dans un contexte de crises multiples.
