Human Rights Watch alerte sur une détérioration « rampante » de la démocratie en Amérique latine
Dans son rapport mondial de 2025, l’ONG fait ressortir la situation de pays tels que le Venezuela, Cuba, le Nicaragua, le Mexique, l’Argentine, le Salvador, Haití et le Pérou.
Venezuela :
- Le régime Maduro : consolidation d’un autoritarisme face aux accusations de fraude électorale
- Des élections contestées : l’autoritarisme s’enracine au Venezuela
- Human Rights Watch dénonce une « volonté populaire ignorée » au Venezuela
Colombie :
- Colombie : entre abus armés et pauvreté rurale, un défi persistant pour les droits humains
- Communautés vulnérables en Colombie : des promesses aux réalités des droits humains
- Malgré des avancées environnementales, la justice reste un défi en Colombie
Équateur :
- État d’exception en Équateur : escalade des abus de force et des exécutions extrajudiciaires
- Répression et violence : l’Équateur face à une année de turbulences sécuritaires
- Populisme sécuritaire en Équateur : des mesures drastiques, mais inefficaces
Haïti :
- Haïti : un État absent face au règne des gangs criminels
- Incapacité étatique en Haïti : terreur des gangs et droits humains bafoués
- Human Rights Watch alerte sur l’effondrement de l’État en Haïti
16 janvier 2025
De Venezuela à Nicaragua, en passant par Haïti, Cuba, l’Équateur, le Salvador, le Pérou ou l’Argentine, la dégradation de la démocratie en Amérique latine a été qualifiée de « rampante » en 2024, selon l’ONG Human Rights Watch (HRW), qui a publié ce jeudi son rapport annuel sur les droits humains dans le monde.
Le rapport mondial 2025, qui s’étend sur près de 550 pages, examine la situation des droits humains et des libertés fondamentales dans plus d’une centaine de pays. Il souligne que la « lâche réticence » de nombreux gouvernements à défendre les plus vulnérables conduit à une « érosion » des normes internationales.
Haïti : Une crise étatique profonde et une société sous la coupe des gangs
Dans son rapport mondial 2025, Human Rights Watch (HRW) dresse un tableau alarmant de la situation en Haïti, qualifiant le pays d’exemple frappant d’absence totale d’État. Selon l’ONG, cette vacance étatique a permis aux gangs criminels de prendre le contrôle de vastes portions du territoire, instaurant un climat de terreur et de violences qui bafouent quotidiennement les droits fondamentaux des citoyens.
L’effondrement de l’État haïtien
HRW décrit Haïti comme un pays où les institutions publiques ont cessé de fonctionner de manière significative. La crise est exacerbée par l’incapacité des autorités à garantir la sécurité, à fournir des services de base et à maintenir l’ordre. L’appareil judiciaire est quasiment inexistant, laissant les victimes de violences et de crimes sans recours. Cette situation alimente un sentiment d’impunité qui renforce la domination des gangs.
Détérioration démocratique croissante
En Amérique latine, l’autoritarisme et le déclin de la démocratie ont « progressé de manière rampante », accompagnés de corruption, d’une perte d’indépendance judiciaire et de la montée du crime organisé, affirme Juanita Goebertus, directrice régionale de HRW.
Bien que les situations diffèrent, HRW distingue trois « dictatures consolidées » — le Venezuela, Cuba et le Nicaragua — de celle d’Haïti, où des gangs criminels dominent en raison de l' »absence totale de l’État ».
Au Venezuela, la prise de fonction de Nicolás Maduro le 10 janvier, malgré des allégations de fraude lors des élections du 28 juillet, est présentée comme « le résultat final d’une élection qui a ouvertement ignoré la volonté du peuple, consolidant ainsi l’autoritarisme ».
Répression et exil forcé
Au Nicaragua, le régime de Daniel Ortega et Rosario Murillo a intensifié « l’exil forcé et la révocation de la citoyenneté » pour réprimer les opposants. Depuis 2018, le gouvernement a fermé plus de 5 600 ONG, 58 médias et des universités. Plus de 263 journalistes ont fui le pays, dont 26 au cours du premier semestre 2024.
Violences et impunité
HRW souligne également la violence extrême du crime organisé au Mexique, exacerbée par les « abus généralisés » commis par les agents de l’État dans une impunité quasi totale. Des réformes constitutionnelles renforçant le rôle de l’armée dans la police pourraient, selon le rapport, « perpétuer les abus et affaiblir gravement l’État de droit ».
En Colombie, les abus des groupes armés, le manque d’accès à la justice, et les taux élevés de pauvreté, notamment dans les communautés rurales, autochtones et afrodescendantes, suscitent de vives inquiétudes malgré des progrès tels que la ratification récente de l’accord d’Escazú.
Au Pérou, la présidente Dina Boluarte est accusée de ne pas avoir freiné les attaques du Congrès contre l’indépendance judiciaire, ce qui a affaibli les institutions démocratiques et entravé les enquêtes sur la corruption et le crime organisé.
En Argentine, la première année du gouvernement de Javier Milei a été marquée par des « nouveaux défis » aux droits humains, des entraves à la liberté d’expression et des discours hostiles envers les journalistes et la communauté LGBTI.
Réponses inefficaces aux crises
La montée en puissance du crime organisé, combinée à des réponses gouvernementales jugées inefficaces, reste une menace majeure pour les droits humains dans la région. HRW dénonce notamment le « populisme punitif » au Salvador, où 83 000 personnes ont été arrêtées en deux ans et demi, et où 300 décès en détention ont été signalés sans enquêtes adéquates.
Des pays comme le Chili, le Costa Rica et l’Uruguay ne figurent pas parmi les cas critiques du rapport, qui met en lumière les faiblesses des politiques régionales en matière de justice et de droits humains.
