Mercredi, devant la commission sénatoriale des Affaires étrangères du Sénat américain, Marco Rubio, sénateur républicain influent et potentiel secrétaire d’État dans la future administration Trump, a dressé un tableau sans complaisance de la situation actuelle d’Haïti. Rubio a abordé les multiples enjeux auxquels la nation haïtienne est confrontée, soulignant la gravité de la crise sécuritaire, l’instabilité politique chronique et ses répercussions sur la région ainsi que sur les États-Unis.
Rubio a insisté sur le fait qu’Haïti traverse une période critique, marquée par l’absence totale de légitimité du gouvernement et par la domination croissante des gangs armés. Il a notamment évoqué l’influence de certains criminels, comme « Barbecue », un chef de gang notoire, symbole du déclin de l’autorité de l’État. « Lorsque la personne la plus puissante d’un État porte un surnom comme « Barbecue », cela témoigne de l’effondrement des institutions fondamentales d’une nation », a-t-il déclaré.
Le sénateur a également salué le courage exceptionnel des forces de police haïtiennes, qui, bien que sous-équipées et en infériorité numérique, continuent de lutter contre ces gangs pour protéger les civils. Cependant, il a admis que leurs efforts à eux seuls ne suffiront pas à rétablir l’ordre.
Pour Rubio, la crise en Haïti dépasse largement les frontières du pays et constitue une menace pour la stabilité régionale. Il a particulièrement relaté la pression migratoire croissante sur les États-Unis, les Bahamas et la République dominicaine, ainsi que les tensions sécuritaires générées par cette situation. « La déstabilisation d’Haïti n’est pas seulement un problème haïtien, elle affecte l’ensemble de l’hémisphère occidental », a-t-il averti.
M. Rubio a aussi mis en garde contre les risques de contagion, expliquant qu’une insécurité généralisée en Haïti pourrait avoir des répercussions économiques, sociales et politiques sur ses voisins immédiats, en particulier la République dominicaine.
Le sénateur a exclu toute intervention militaire directe des États-Unis, estimant qu’une telle mesure serait inefficace et impopulaire. En revanche, il a plaidé pour une approche multilatérale, impliquant des partenaires internationaux et régionaux. Il a salué la récente contribution du Kenya, qui a envoyé des forces pour stabiliser certaines zones, et a encouragé d’autres nations de l’hémisphère à se joindre à ces efforts.
« Nous devons travailler avec des partenaires qui s’engagent à assurer un minimum de stabilité et de sécurité en Haïti. Ce n’est qu’alors que nous pourrons envisager un gouvernement de transition légitime et, en fin de compte, des élections démocratiques », a-t-il souligné.
Rubio a conclu son intervention en appelant les États-Unis à jouer un rôle plus actif dans la résolution de la crise haïtienne. « Haïti a besoin de notre soutien, non pas sous la forme d’une domination ou d’une imposition, mais en tant que partenaire aidant à construire les fondations d’un avenir stable et prospère. »
Il a cependant reconnu que cela serait un processus long et ardu, nécessitant un engagement soutenu et une collaboration internationale cohérente.
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