Les deux arrestations survenues en début de semaine, incluant l’incarcération de Magalie Habitant et de l’ancien député de Petite-Rivière de l’Artibonite, ne représentent que la partie visible d’un iceberg bien plus vaste et menaçant. Le problème de l’insécurité, profondément enraciné, demeure intact, échappant encore à toute solution durable.
L’année dernière, les gangs en Haïti ont causé la mort d’au moins 5 600 personnes, selon un récent rapport des Nations Unies. Ce même rapport, émanant du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme, mentionne également que 3 700 personnes supplémentaires ont été blessées ou enlevées. Ces chiffres accablants ont suscité des critiques, notamment envers l’administration Biden, accusée de ne pas faire assez pour répondre à la crise.
Andrés Martínez-Fernández, analyste principal pour l’Amérique latine à la Heritage Foundation, a dénoncé une approche fragmentée et politisée. Selon lui, la réponse de l’administration Biden visait davantage à éviter que la situation n’éclate avant les élections qu’à résoudre durablement le problème. Malgré un soutien financier et logistique de 629 millions de dollars, dont 600 millions déjà alloués, cette aide semble bien pâle en comparaison des 113 milliards attribués à l’Ukraine.
En décembre dernier, un événement atroce est venu illustrer l’ampleur de la violence : au moins 207 personnes ont été massacrées à Port-au-Prince par le gang Wharf Jérémie. Les victimes, souvent âgées, ont été accusées de sorcellerie après la mort du fils du chef de gang. Les corps mutilés et brûlés, ou jetés à la mer, témoignent d’une brutalité sans nom.
Les gangs contrôlent désormais près de 85 % de la capitale, selon un rapport récent de VOA. Cette domination gangrène la société haïtienne, plongeant les citoyens dans une spirale de violence et d’insécurité. Le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Volker Türk, a souligné l’urgence de rétablir l’État de droit en Haïti. Il a également insisté sur la nécessité d’un soutien logistique et financier accru pour la Mission multinationale de soutien à la sécurité (MSS) parrainée par l’ONU. Cependant, bien que la MSS ait promis de mobiliser plus de 2 500 membres, seulement 500 d’entre eux sont actuellement déployés, sans rémunération depuis des mois et largement surpassés par les quelque 12 000 membres de gangs armés dans le pays.
Face à cette situation, le Département d’État américain a défendu ses efforts, citant une opération conjointe réussie le 15 décembre, qui a conduit à la mort d’un chef de gang de haut rang. Néanmoins, même les responsables admettent que ces mesures sont insuffisantes pour restaurer la sécurité et l’État de droit.
Des défis diplomatiques viennent compliquer davantage les efforts internationaux. La Chine, en particulier, s’oppose fermement à une transition de la mission MSS vers une opération de maintien de la paix des Nations Unies, rendant improbable l’approbation d’une telle initiative au Conseil de sécurité.
Dans son rapport, Volker Türk a également renouvelé son appel à la pleine application des sanctions du Conseil de sécurité et de l’embargo sur les armes à destination d’Haïti. L’afflux d’armes, qui finit souvent dans les mains des gangs criminels, a des conséquences dévastatrices : des milliers de morts, des centaines de milliers de déplacés, et des infrastructures essentielles comme les écoles et les hôpitaux réduites à néant.
Face à cette tragédie, la communauté internationale semble divisée et impuissante, tandis que le peuple haïtien continue de payer le prix d’une violence incontrôlée.
source : Fox News
