Quelques jours avant la fin du mandat du président Joe Biden, son administration a annoncé le retrait de Cuba de la liste des États soutenant le terrorisme, une initiative s’inscrivant dans un accord élaboré avec l’aide de l’Église catholique pour libérer des prisonniers politiques sur l’île. Cette décision, survenant à moins d’une semaine de l’investiture de Donald Trump pour un second mandat présidentiel, prévoit la libération de dizaines de prisonniers cubains, selon des responsables américains.
Le ministère cubain des Affaires étrangères a indiqué que 553 prisonniers seraient libérés, tous détenus depuis les manifestations qui ont secoué l’île en juillet 2021. Une source proche du dossier a précisé que ces libérations pourraient débuter dès mercredi. Cette mesure marque un revirement par rapport à la désignation de Cuba comme État soutenant le terrorisme, annoncée par Donald Trump en janvier 2021, à la fin de son premier mandat. On ignore si cette désignation sera rétablie après son retour à la Maison-Blanche.
Cette décision intervient à la veille de l’audition de confirmation de Marco Rubio, sénateur de Floride et désigné par Trump pour diriger le Département d’État. Rubio, fils d’immigrants cubains et critique de longue date du régime cubain, pourrait jouer un rôle central dans la politique américaine envers Cuba.
Sur le plan économique, Cuba traverse une crise sans précédent depuis plusieurs décennies, caractérisée par des coupures de courant généralisées et une pénurie persistante de nourriture et de médicaments. Plus d’un million de Cubains ont quitté l’île au cours des trois dernières années, dont environ 850 000 se sont installés aux États-Unis depuis 2022. Le retrait de Cuba de la liste noire pourrait atténuer les difficultés financières du pays en encourageant une plus grande coopération bancaire internationale.
Le ministère cubain des Affaires étrangères a salué cette décision, tout en soulignant que de nombreuses sanctions américaines restaient en vigueur. Les responsables de l’administration Biden ont qualifié ce geste de « marque de bonne volonté », affirmant qu’aucune preuve crédible ne démontrait actuellement un soutien continu de Cuba au terrorisme international. Toutefois, l’administration Trump entrante aura l’opportunité de réviser cette position.
L’Église catholique a joué un rôle clé dans l’élaboration de cet accord, selon les déclarations des deux parties. Joe Biden aurait discuté avec le pape François, et le président cubain Miguel Díaz-Canel aurait écrit au souverain pontife pour faciliter cette démarche. L’implication de l’Église reflète la dimension diplomatique et humanitaire de cette initiative.
Cette décision a suscité de vives critiques, notamment de la part d’alliés de Trump et de responsables politiques de Floride. Le sénateur Ted Cruz et d’autres figures conservatrices ont dénoncé cette mesure comme une concession au régime cubain. Même certains démocrates, tels que Nikki Fried, présidente du Parti démocrate de Floride, ont exprimé leur opposition.
Du côté des communautés cubano-américaines en Floride, les réactions sont partagées. Si certains saluent la libération des prisonniers, d’autres critiquent le retrait d’une désignation qui symbolise la condamnation internationale du régime cubain.
Enfin, la Maison-Blanche a annoncé d’autres assouplissements des restrictions sur Cuba, notamment l’annulation d’un mémorandum de sécurité nationale datant de l’ère Trump. Cette initiative pourrait également renforcer les relations diplomatiques avec des pays de la région ayant plaidé pour le retrait de Cuba de la liste noire.
