3 octobre 2025
L’Edito du Rezo – Leslie Voltaire face au scandale du trafic d’organes : où sont les mesures ?
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L’Edito du Rezo – Leslie Voltaire face au scandale du trafic d’organes : où sont les mesures ?

Leslie Voltaire dénonce l’horreur, mais l’État demeure absent. Il est fort probable qu’un sujet d’une telle gravité ne figure même pas à l’ordre du jour du Conseil des ministres de ce mercredi. Se bagay kraze Konstitisyon an ki enterese mesye yo, anpil milyon depanse deja pou fèmen anpil djòl, dapre enfòmasyon kap sikile.

Les discours des autorités haïtiennes, riches en nuances et en promesses, se résument à un simple acte oratoire sans réel impact sur les faits qu’ils décrient. Peut-être même ne maîtrisent-ils pas pleinement les textes qu’on leur fait réciter.Lorsque le Président du Conseil Présidentiel de la Transition, M. Leslie Voltaire, le 2 janvier dernier, entouré d’un portrait de l’Empereur Dessalines, le seul et unique chef d’Etat nationaliste qu’Haïti ait connu, avoue publiquement des faits aussi graves que le trafic d’organes en Haïti, ce constat devrait théoriquement déclencher une réaction immédiate et efficace de la part des institutions concernées. Pourtant, à chaque annonce, l’inaction demeure, replongeant la population dans une expectative désespérante et confirmant la perception d’un Etat incapable ou peu enclin à remplir sa vocation régalienne. Cet immobilisme face à des faits d’une telle gravité n’est pas sans faire émerger des réflexions de fond : quel est le véritable intérêt de ces déclarations si elles ne débouchent pas sur des mesures immédiates et concrètes ? Et surtout, quel message ces silences post-déclaration envoient-ils aux criminels, si ce n’est une forme implicite de tolérance ou de complicité ?

Ce laisser-faire récurrent s’inscrit dans une dynamique où les déclarations deviennent un moyen de gouvernance en soi, servant plus à apaiser l’opinion publique qu’à solutionner les problèmes structurels du pays. En affirmant que l’année 2025 sera marquée par une guerre implacable contre les gangs, M. Voltaire réitère une pathologie de combat déjà usée, mais sans poser les bases opérationnelles nécessaires pour traduire cette ambition dans les faits. Les gangs, qui continuent de terroriser la population, évoluent en toute impunité, renforcée par l’absence de décisions stratégiques et d’actions concertées. Les mots, aussi alarmants soient-ils, n’ont de sens que s’ils sont accompagnés de politiques publiques efficaces, d’enquêtes et de poursuites rigoureuses visant non seulement les auteurs mais aussi les réseaux qui les soutiennent.

La particularité du trafic d’organes est très révélatrice de la gravité de l’état d’abandon dans lequel se trouve Haïti. La consécration officielle de ce crime inhumain, sans qu’aucune enquête immédiate ou mesure juridique ne soit mise en marche, expose non seulement l’incapacité de l’Etat, mais aussi le risque d’institutionnaliser de telles pratiques par le non-dit des autorités. Disparitions, cadavres mutilés et rumeurs persistantes sur ce commerce macabre témoignent d’une tragédie humaine que la passivité de l’Etat ne fait finalement qu’aggraver. Confronté à une situation aussi dramatique, nul ne peut remettre en cause la capacité des dirigeants à gouverner et, plus largement, l’existence d’un État de droit capable de défendre les plus vulnérables de ses citoyens.

Pour contrer ce phénomène, il faut changer radicalement de paradigme. Les autorités haïtiennes doivent dépasser la rhétorique et adopter une approche basée sur des actes matériels et mesurables. Cela implique une plus grande transparence, la mobilisation de ressources pour mener des enquêtes approfondies et un engagement ferme à poursuivre les auteurs et les commanditaires de ces crimes odieux. Mais un danger encore plus redoutable menace le peuple haïtien : celui d’être soumis aux décisions d’un pouvoir illégitime, constitué de dirigeants qu’il n’a ni choisis ni votés, mais qui lui ont été imposés.

Déjà insupportable, le phénomène a atteint son paroxysme avec les tentatives d’abolition de la Constitution votée et ratifiée le 29 mars 1987, texte fondamental qui incarne la souveraineté populaire et garantit les droits fondamentaux. Toute tentative de modification par référendum, sans l’accord du peuple, constitue une atteinte grave à la liberté fondamentale. En persistant dans cette voie, ces gouvernants privent la nation de ses repères juridiques et institutionnels, exposant le pays à une anarchie encore plus profonde, où les intérêts d’une minorité dominent la volonté collective et où l’avenir même de la République est hypothéqué.

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