La violence perpétrée par des gangs armés a explosé en 2024 en Haïti, entraînant la mort de plus de 5 600 personnes, soit 1 000 décès de plus que l’année précédente. Ce phénomène a renforcé l’instabilité politique et économique du pays, démontrant l’incapacité des autorités à assurer la sécurité de la population.
Malgré la dimension de la crise, ni le ministre de la Justice, en charge également de la Sécurité publique, n’a été interpellé ou placé en garde à vue pour non-assistance à personne en danger. Dans un contexte où un parlement qui fonctionne permettrait au moins de convoquer ces responsables et le chef de la police, cette inertie suscite de vives préoccupations quant à la responsabilité et à la réactivité des dirigeants face à l’aggravation de la violence des gangs. L’inaction persistante, combinée à l’absence de mesures concrètes pour protéger les citoyens, alimente encore davantage le sentiment d’impunité et de méfiance à l’égard des institutions de l’État.
Haïti est apparemment le seul pays de la région où les autorités, par leurs décisions et leurs omissions, agissent ouvertement contre le bien-être de leurs concitoyens. Leurs paroles et leurs actions, loin de répondre aux attentes de la population, produisent des résultats désastreux et bien visibles. Abandonné à son sort, le peuple haïtien est livré à lui-même, abandonné par un Etat qui ne peut ou ne veut pas remplir sa mission élémentaire.
La communauté internationale, notamment les Nations unies, a exprimé son inquiétude face à la situation en Haïti, appelant à une action urgente pour renforcer les capacités des forces de l’ordre et rétablir l’ordre public. Cependant, l’efficacité de ces interventions reste limitée en l’absence d’une volonté politique forte et d’une réforme en profondeur des structures de gouvernance.
Compte tenu de la gravité de la crise humanitaire et sécuritaire qui frappe le pays, il apparaît impératif de mettre en place des mécanismes permettant aux autorités compétentes de rendre compte de leurs actions. L’introduction de mécanismes de contrôle et de sanctions pour les fonctionnaires défaillants représenterait une avancée incontournable pour restaurer la confiance du peuple et garantir une réelle protection des citoyens haïtiens.
Enfin, il ne s’agit pas simplement de remplacer un ministre par un autre, tout en passant sous silence les manquements qui se sont produits sous sa direction. Ce serait perpétuer une politique qui, sous couvert de changement, ne fait que masquer les erreurs en transférant les responsabilités sans jamais les résoudre. Se dekouvri St Pierre pou kouvri St-Paul.
Yvens Derival
