3 octobre 2025
Haiti | Chronologie des événements en 2024 : 20 août, Martelly est accusé par Washington de soutenir les gangs terroristes, et c’est tout
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Haiti | Chronologie des événements en 2024 : 20 août, Martelly est accusé par Washington de soutenir les gangs terroristes, et c’est tout

Le bilan de l’année 2024 en Haïti se résume à une succession ininterrompue de crises, plongeant le pays dans la précarité. Les promesses de réforme et de stabilité se sont heurtées à une réalité rythmée par l’instabilité politique, la violence des gangs et la mal-gouvernance.

En 2024, l’extension inexorable des « territoires perdus » révèle avec acuité la profondeur de la crise sécuritaire qui paralyse Haïti, tout en exposant les immenses obstacles auxquels l’État se heurte pour restaurer son emprise sur un territoire morcelé et en proie à l’anarchie.

Janvier 2024 : Retour de Guy Philippe et tensions politiques

En janvier, l’ancien sénateur Guy Philippe, fraîchement expulsé après sa libération d’une prison américaine, prend la tête de manifestations réclamant la démission du Premier ministre Ariel Henry, soutenu par une milice armée, la Brigade de sécurité des zones protégées (BSAP).

Février 2024 : Visite d’Ariel Henry au Kenya

En février 2024, le Premier ministre de facto, Dr. Ariel Henry, a effectué une visite officielle au Kenya pour des discussions bilatérales. Cette initiative visait à renforcer les relations diplomatiques entre les deux pays, bien que des interrogations subsistent quant à sa légitimité à engager Haïti dans de tels accords.

Février 2024 : Intensification de la violence des gangs

Le 29 février, une vague de violence déferle sur Haïti, avec des tirs dirigés contre l’aéroport principal et la prise de plusieurs postes de police, alimentant les spéculations sur une alliance entre gangs rivaux visant à renverser le gouvernement.

Mars 2024 : Evasions massives et état d’urgence

Le 3 mars, entre 3 700 et 4 000 prisonniers s’évadent de la prison nationale de Port-au-Prince, ce qui pousse le gouvernement haïtien à déclarer l’état d’urgence pour 72 heures afin de les retrouver.

Avril 2024 : Démission d’Ariel Henry et formation du Conseil Présidentiel de Transition (CPT)

Le 25 avril, Ariel Henry démissionne officiellement de son poste de Premier ministre, ouvrant la voie à la formation du Conseil Présidentiel de Transition (CPT) pour diriger le pays.

Mai 2024 : Nominations et catastrophes naturelles

Le 28 mai, Garry Conille est nommé Premier ministre par le CPT. Le même mois, Haïti est frappé par des inondations et des glissements de terrain au Cap-Haïtien, tuant 13 personnes, et par une tornade à Bassin-Bleu, blessant plus de 50 personnes et détruisant 200 maisons.

Juin 2024 : Retour de Rameau Normil à la tête de la PNH

En juin 2024, Rameau Normil a été pressenti pour reprendre la direction de la PNH, succédant à Frantz Elbé. Cette décision s’inscrivait dans le cadre des efforts déployés pour répondre à la violence des gangs qui ravage le pays. Le 22 juin 2024, lors de sa prise de fonction, Rameau Normil a promis de démanteler tous les gangs, réitérant des engagements similaires à ceux de ses prédécesseurs.

Juillet 2024 : Tragédie migratoire

Le 19 juillet, un bateau de migrants à destination des îles Turques et Caïques prend feu au large du Cap-Haïtien, faisant au moins 40 morts.

Août 2024 : Sanctions et opérations de police

Le 20 août 2024, les États-Unis ont imposé des sanctions à l’encontre de l’ancien président Tèt Kale-Phtk1, Michel Martelly, l’accusant d’avoir abusé de son influence pour faciliter le trafic de drogues dangereuses, notamment la cocaïne, à destination des États-Unis. De plus, Martelly est accusé de blanchiment des produits illicites de la drogue, de collaboration avec des trafiquants haïtiens et d’avoir parrainé plusieurs gangs – criminels terroristes – basés en Haïti.

Ces sanctions interdisent aux institutions financières américaines d’accorder des prêts ou des crédits à Martelly, le coupant ainsi du système financier mondial et le plaçant sous une surveillance accrue.

Cette décision fait écho à des mesures similaires prises par le gouvernement canadien en novembre 2022, où Martelly avait été sanctionné pour son implication présumée dans des violations des droits humains et son soutien à des gangs criminels en Haïti.

Les sanctions américaines contre Martelly soulignent le rôle déstabilisateur que des acteurs politiques corrompus peuvent jouer en Haïti, exacerbant la crise actuelle du pays. Elles reflètent également l’engagement des États-Unis à promouvoir la responsabilité et à œuvrer pour un avenir plus prospère, démocratique et sécurisé pour tous les Haïtiens. Jusqu’à présent, aucune disposition n’a été prise pour traduire M. Martelly, qui réside toujours aux États-Unis, devant la justice, prouvant que le pays est baignés dans une règne d’impunité.

Août 2024 :

  • Scandale à la Banque Nationale de Crédit (BNC) : Trois conseillers présidentiels, Louis Gérald Gilles, Smith Augustin et Emmanuel Vertilaire, ont été accusés d’avoir exigé un pot-de-vin de 100 millions de gourdes de l’ancien président du Conseil d’administration de la BNC, Raoul Pierre-Louis, en échange de son maintien en poste. Cette affaire a mis en lumière la corruption au sommet de l’État haïtien.
  • Révocation de Raoul Pierre-Louis par Garry Conille : Le Premier ministre Garry Conille a révoqué de manière arbitraire Raoul Pierre-Louis de son poste de président du Conseil d’administration de la BNC, une décision controversée qui a suscité de vives réactions.

Septembre 2024 : Prolongation de l’état d’urgence et déclaration de famine

Le 4 septembre, le gouvernement étend à l’ensemble du pays l’état d’urgence initialement déclaré en mars dans le département de l’Ouest en raison de la violence des gangs. Le 30 septembre, les Nations Unies ont rapporté qu’au cours des six premiers mois de l’année, au moins 3 661 personnes ont été tuées en Haïti, dont 100 enfants, à cause de la violence des gangs. Le même jour, une classification intégrée de la sécurité alimentaire a déclaré des conditions de famine en Haïti, avec près de 6 000 personnes menacées de famine et près de la moitié du pays confronté à des niveaux de crise d’insécurité alimentaire aiguë en raison du conflit des gangs et de l’instabilité économique.

Octobre 2024 : Voyage de Garry Conille au Kenya

En octobre, Garry Conille s’est rendu au Kenya pour solliciter l’envoi de 600 policiers kenyans afin de soutenir les forces de sécurité haïtiennes. Cependant, des doutes subsistent quant à l’efficacité et à la rapidité de ce déploiement.

Octobre 2024 : Massacre de Pont-Sondé et rentrée scolaire difficile

Le 3 octobre, le gang Gran Grif a attaqué la localité de Pont-Sondé, tuant au moins 115 personnes et déplaçant plus de 6 300 habitants, illustrant la brutalité croissante des gangs dans le pays. Par ailleurs, la rentrée scolaire a été marquée par des subventions retardées et des écoles occupées, rendant la situation difficile pour de nombreux élèves et enseignants.

Novembre 2024 : Changement de Premier ministre et attaques contre les institutions

Le 10 novembre, Garry Conille est démis de ses fonctions de Premier ministre par le CPT et remplacé par Alix Didier Fils-Aimé. Le 11 novembre, un avion de la compagnie Spirit Airlines est la cible de tirs de gangs lors de son atterrissage à l’aéroport Toussaint Louverture de Port-au-Prince, ce qui entraîne son détournement vers la République dominicaine et l’annulation de plusieurs vols à destination d’Haïti.

Décembre 2024 : Massacres, annonces financières et plan d’action

Entre le 6 et le 11 décembre, au moins 207 personnes sont tuées à Cité Soleil, Port-au-Prince, dans une série d’attaques visant les personnes âgées et les adeptes du vaudou, menées par le gang de Wharf Jérémie.

Le 12 décembre, la Primature a annoncé un plan d’action pour renforcer la sécurité et la justice, bien que des interrogations subsistent quant à son efficacité réelle.

Le 16 décembre, un rapport a souligné que le pays nécessitera 1,34 milliard de dollars américains dans les deux prochaines années pour couvrir les besoins immédiats générés par la crise sécuritaire. Par ailleurs, la Primature a annoncé le déblocage d’un milliard de gourdes pour la population, bien que des doutes subsistent quant à la concrétisation de cette aide, rappelant des promesses antérieures non tenues.

Le 24 décembre, trois personnes, dont deux journalistes, ont été tuées lors d’une attaque armée contre l’hôpital général de Port-au-Prince, illustrant la détérioration continue de la sécurité dans le pays.

Cette chronologie des événements en 2024 met en évidence l’aggravation de la crise en Haïti, caractérisée par une instabilité politique persistante, une violence incontrôlée des gangs et une détérioration des conditions de vie de la population.

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