Dans la nuit du 22 au 23 décembre 2023, des pluies torrentielles se sont abattues sur la ville de Port-de-Paix, provoquant des inondations dévastatrices. Dès 20 heures, dimanche soir, l’intensité des précipitations, combinée à l’état dégradé des infrastructures hydrauliques, a transformé cette ville historique en un véritable champ de ruines.
Plusieurs quartiers de Port-de-Paix ont été submergés par le déferlement des eaux de la rivière Eponyme. Les axes emblématiques de la ville, tels que la rue Clémence (Nan Palan), la rue des Trois Grâces, la rue Benito Sylvain, la rue Christophe, la rue Dessalines et surtout la rue du Quai, ont été engloutis par une mer de boue et d’immondices. Même les quartiers situés en hauteur comme Nan Grigri, Carénage, Déroulin et La Pointe des Palmistes n’ont pas été épargnés.
Les pertes en vies humaines et en biens sont considérables. A ce jour, sept décès ont été confirmés : cinq victimes ont été enregistrées dans la rue des Trois Grâces, où l’effondrement des maisons a causé des dégâts irréparables, et deux autres dans le quartier de Morne Bethel. Ces tragédies reflètent l’incurie chronique des autorités, incapables d’anticiper et de réagir efficacement face à des crises récurrentes.
La gestion des bassins versants, le nettoyage des canaux et le drainage des rivières sont autant de responsabilités ignorées par les autorités compétentes. Malgré la présence de directeurs départementaux de plusieurs ministères dans la région, aucune action notable n’a été entreprise pour minimiser les risques d’inondation. Résultat : des quartiers noyés sous des eaux insalubres, des maisons détruites et des vies brisées.
Les conséquences économiques sont tout aussi dévastatrices. Les grandes enseignes comme les petites entreprises subissent de lourdes pertes. Des entrepôts ont été inondés, des supermarchés ont dû fermer et le réseau de transport a été complètement paralysé. La fermeture des banques et des bureaux de change a aggravé une crise déjà insupportable pour la population.
Les rues de la ville, encombrées de boue, de débris et d’objets abandonnés, témoignent de l’ampleur du désastre. Les pertes matérielles s’accumulent : véhicules emportés, infrastructures telles que les stations de lavage endommagées, jardins agricoles ruinés.
Au-delà d’un simple phénomène naturel, cette inondation incarne l’échec lamentable de la politique de développement de l’Union européenne. Elle traduit le manquement grave des gouvernants à leurs responsabilités vis-à-vis d’une population vulnérable. Ce n’est pas seulement la pluie qui a inondé Port-de-Paix, mais l’irresponsabilité et l’inaction des pouvoirs publics.
Le bulletin météorologique prévoit de nouvelles pluies diluviennes dans les heures à venir. Une nouvelle menace pèse sur les habitants, déjà sinistrés à quelques jours des fêtes de fin d’année. Comment la ville de Port-de-Paix, autrefois surnommée la « Vallée des délices », a-t-elle pu tomber dans un tel état de délabrement et de désespoir ?
Une administration publique déconnectée de la réalité
Cette catastrophe est révélatrice d’un système administratif défaillant. Les gouvernants, nourris par les impôts du peuple, n’offrent rien en retour. Les carences en matière de prévention, d’investissement dans les infrastructures et de soutien aux sinistrés reflètent l’indifférence totale des responsables.
Les ressources publiques échappent aux actions concrètes de protection des citoyens et se perdent littéralement sur les sentiers de la corruption endémique. Les habitants de Port-de-Paix ne méritent-ils pas mieux ?
Ce drame de la veille de Noël, loin d’être un incident isolé, est le reflet d’une gouvernance défaillante et d’une population livrée à elle-même.
Jamesky Jeanty, Rèldouvanjou


