Haïti, Noël de désolation : Une nation en sursis
Noël 2024. Haïti ploie sous le poids d’une tristesse insondable, une mélancolie qui imprègne chaque ruelle, chaque montagne, chaque souffle d’air chargé de désespoir. Ce qui devrait être une saison de réjouissances, de chants sacrés et d’espérances lumineuses, se transforme en un théâtre d’ombres, où l’obscurité règne en maître. Le pays s’effondre aujourd’hui sous le joug de ses propres contradictions, en guerre contre lui-même, pris au piège d’un cycle d’autodestruction sans fin.
Les festivités de Noël, jadis vibrantes de couleurs et d’allégresse, ne sont plus qu’un pâle souvenir. L’aéroport international de Port-au-Prince demeure fermé, métaphore éloquente d’un isolement volontaire ou imposé. Les annonces se succèdent : référendum, élections, promesses à peine voilées de lendemains qui déchantent. Mais sous ces palabres se cache une vérité crue : les dirigeants savent, et nous savons, que ces promesses ne sont que poudre aux yeux. Le pays est hypothéqué, ses fondations mêmes érodées par l’incompétence et la corruption.
Haïti, en ce Noël funeste, est assiégée par ses propres démons : l’insécurité omniprésente, l’inflation galopante, les inondations qui emportent tout sur leur passage, et une corruption qui gangrène chaque institution incluant le CPT. Le viol des consciences, tout comme celui des corps, devient monnaie courante, tandis que les élites se terrent dans une complaisance cynique. Les mots eux-mêmes manquent pour décrire l’ampleur du désastre. 2024 restera gravée dans les mémoires comme une année noire, marquée par l’instabilité de trois chefs de gouvernement successifs, l’un se rêvant président omnipotent, et l’échec collectif de neuf présidents corrompus à relever un pays en ruines.
Le peuple s’enferme aujourd’hui dans une résignation coupable. Les masses se murent dans le silence, les regards se détournent, et l’indifférence devient la norme. Une force étrangère, importée d’une terre lointaine, s’installe sous le prétexte de restaurer un semblant d’ordre. Mais cette force, qualifiée par un rapport comme l’une des plus inefficaces de tout un continent africain, n’est que le reflet du mépris dont Haïti est victime sur la scène internationale.
Et pourtant, au cœur de cette désolation, il demeure une amertume plus grande encore : l’absence de révolte. La complaisance a fait son nid dans les consciences. Chacun s’installe dans son petit coin de désespoir, esquivant toute confrontation avec une réalité trop accablante. Noël 2024 devient alors l’épitaphe d’une année où tout semble perdu, où la mémoire d’un passé glorieux s’efface sous le poids d’un présent insoutenable.
Mais Noël, même dans ses heures les plus sombres, est un appel à la lumière. Haïti, figée dans ce marasme, peut-elle entendre cet appel ? Au-delà des tragédies, des tempêtes et des tumultes, subsiste peut-être une étincelle, fragile mais tenace, prête à ranimer la flamme vacillante de l’espoir. Et si, au cœur de cette nuit de tristesse, un nouveau matin pouvait poindre, porteur de rédemption et de renouveau ?
Pour l’instant, Haïti, en ce Noël 2024, demeure figée dans l’attente. Une attente lourde de silence, de souffrance, mais aussi, peut-être, d’une promesse encore non écrite.
