13 février 2025
Attention, M. Jerry Tardieu : votre référendum, une illusion de priorité dans un pays assiégé
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Attention, M. Jerry Tardieu : votre référendum, une illusion de priorité dans un pays assiégé

minute de la rédaction

Alors que le pays est plongé dans un engrenage d’insécurité, et que le quotidien est marqué par la tragédie et le dénuement, évoquer un référendum constitutionnel illégal apparaît comme une provocation face aux réalités vécues par les haïtiens. L’ancien député Jerry Tardieu, qui s’était engagé en 2021 à ce que toute réforme constitutionnelle fasse l’objet d’un débat parlementaire, tend à tourner le dos à cet engagement en proposant une consultation populaire au mépris des conditions élémentaires de sécurité.

La société haïtienne, déjà usée par des décennies de mal gouvernance et de violence systématique, affronte aujourd’hui sur le terrain une situation gravissime : aucune des routes menant aux villes de province n’est sûre. Les familles, les commerçants et même les institutions publiques sont pris en otage par des gangs qui dictent les règles. Seuls quelques privilégiés peuvent s’offrir le luxe d’un hélicoptère pour échapper à cette réalité. Pouvons-nous sérieusement envisager, dans ce contexte, un référendum interdit par la Constitution qui nécessiterait la participation active de la population, cloîtrée dans la peur et l’inaction forcée ?

Le référendum prévu en mars prochain relève de l’utopie. Les événements actuels en témoignent : JetBlue, compagnie aérienne incontournable pour les voyages internationaux, a annoncé vendredi la suspension de ses vols vers Haïti tout au moins jusqu’en avril prochain. Les raisons invoquées – l’insécurité et le climat d’instabilité qui règnent – jettent une lumière crue sur la gravité de la situation. Pourtant, M. Alix Fils-Aimé, qui prétend travailler avec la Federal Aviation Administration (FAA) pour maintenir les vols en provenance des États-Unis, n’a présenté aucun résultat probant. Ses initiatives ne sont que des promesses creuses face à une réalité qui s’aggrave de jour en jour.

Le plaidoyer en faveur d’une réforme constitutionnelle, aussi pertinent soit-il dans un cadre démocratique stable, perd toute légitimité dans un tel contexte. Peut-on réellement parler de changement institutionnel lorsque les institutions elles-mêmes sont défaillantes et que les droits fondamentaux, notamment le droit à la liberté de circulation, ne sont pas garantis ? Le peuple haïtien, assiégé et abandonné, exige du concret et non des discours abstraits ou des promesses de transformations futures.

M. Tardieu, en visite à New York en 2020, a parlé de l’importance d’un consensus national, de la réflexion au sein des organes législatifs et du respect des engagements pris devant le peuple. Où est passée cette vision pragmatique ? L’initiative référendaire, dans sa forme actuelle, est non seulement irréaliste, mais aussi en contradiction avec les principes de bonne foi et de respect de la parole donnée.

Pour sa part, M. Alix Fils-Aimé se heurte au mur de l’inaction dans ses efforts proclamés pour rétablir la connectivité aérienne du pays. Comment espérer rétablir un climat de confiance avec la communauté internationale si, à l’intérieur même du pays, les citoyens sont privés de sécurité et de liberté de mouvement ? Les priorités doivent être revues : il ne peut y avoir de développement économique, social ou politique sans rétablissement de l’ordre public.

La réalité d’aujourd’hui exige un leadership ancré dans les urgences du moment. Ce dont Haïti a besoin, ce n’est pas d’un référendum « malatchong ak lajan kap achte fo diskou« , mais d’une vision claire, d’un plan concret et d’une action immédiate pour restaurer la sécurité et l’espoir d’un peuple en détresse. Les projets ambitieux, aussi nobles soient-ils, ne peuvent être construits sur des fondations fragiles.

Jerry Tardieu et Alix Fils-Aimé, il convient de rappeler l’évidence : la sécurité et la stabilité sont les piliers de toute réforme durable. Avant de demander au peuple haïtien de se prononcer sur une constitution dont les modalités d’amendements sont deja prévues depuis 1987, assurez-vous qu’il puisse se rendre aux urnes en toute sécurité. Cessez donc ces absurdités référendaires. Halte-la. Reprenez contact avec la réalité, car l’histoire ne pardonnera pas aux dirigeants d’ignorer les appels désespérés de leur peuple.

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