Par Camille Loty Malebranche
C’est dans les temps de crise que se révèle l’état des consciences. Car les temps de crises, surtout les crises sociopolitiques, mettent à nu le stade de conscience collectif, conscience d’aptitude ou d’inaptitude, conscience d’humanité ou d’inhumanité voire d’infrahumanité des classes dominantes politiques et économiques. Il est essentiel de savoir que c’est elles (les consciences) qui donnent le ton aux dynamiques humaines façonnant la condition sociale, le comportement collectif, l’action de construction ou de destruction d’un pays.
La crise du sens collectif haïtien est symptomatique de la crise d’humanité de la société surtout de ses élites. La politique, comme je le dis souvent – à l’instar de la morale et de la logique – est un domaine du sens. Elle est le domaine du sens collectif des humains socialisés. Le drame haïtien, la problématique du sens haïtien, c’est que tout est désignifié et le sens lui-même ne signifie plus et ne peut donc en rien orienter l’action pour projeter une fin assumée. Et, ainsi, l’homme, le citoyen est comme pris dans un entrelacs de non sens morbide! Une privation téléologique responsable de tous les effacements et de tous les effondrements tant axiologiques que finalitaires.
Un exemple poignant de cette crise de sens et d’humanité, cette classe dominante locale et sa sordide posture d’absence à toute contribution même minimale à la vie socioéconomique du pays où ils font pourtant leurs gains!
Les riches haïtiens, descendants d’authentiques haïtiens et aussi descendants de différentes autres provenances, surtout de libanais pour la plupart, préfèrent se transformer en revendeurs et en trafiquants de toutes sortes, surtout de produits et substances illicites sans se soucier des conséquences pour le pays qu’ils appauvrissent! Infatués comme des baudruches infectes, ils se prennent pour le nombril du monde dans ce qui n’est même plus un pays mais une soue, une déchetterie nationale. Pire, plusieurs choisissent d’être à l’avant-garde du phénomène des gangs criminels qu’ils arment selon des comptes rendus et témoignages concordants sur la sécurité nationale haïtienne et le terrible désastre de l’insécurité!
Un effet immédiat de la désignification et du non sens…
L’un des terribles effets du non sens est le fait que nos élites – (sauf exceptions) – n’ont aucune espèce de lien avec le pays que celui d’un lieu d’exploitation. Faire de l’argent de n’importe quelle manière, fut-ce à vouer tout le peuple haïtien à l’avanie de la misère extrême avec une totale impassibilité, est devenu l’idéal hautain et grotesque des élites. Un dédain d’ailleurs manifesté par les haïtiens d’origine eux-mêmes, une fois parvenus au pouvoir politique. C’est pourquoi, lorsqu’il y a une collaboration Sud-Sud, comme au programme Petrocaribe, la canaille politicienne, les politicards dirigeants y voient immédiatement une manière de tout prendre pour leur famille, leur jouissance privée! Exprimant du néant total de civisme et de citoyenneté, les dirigeants haïtiens, en leur écrasante majorité, n’ont pas de conscience citoyenne et ne se sentent pas membres responsables malgré leur fonction. Et même pour la plupart d’entre les haïtiens la nationalité, la citoyenneté n’est qu’une fatalité de la naissance! Mais hélas, dès qu’on aborde cette problématique cruciale il y a toujours des idiots grossiers et inconscients dans leur sinistre désinvolture, qui te contredisent et appellent bêtement à te haïr, plutôt que de chercher à comprendre et répondre à l’appel de la réflexion par la réflexion pour fonder un consensus rationnel salutaire! Plusieurs sont des insensibles de l’imbécillité haineuse. Et là, le problème est fondamentalement culturel car la culture n’est pas que du folklore auquel certains la réduisent, mais toute la vision de soi du monde d’une société humaine. Une vision d’autohaine et souvent d’autoracisme d’une bonne frange d’haïtiens.
L’idéologie émane de la culture. Les mentalités et comportements prennent forme dans la culture qui en est le moule.
Vive l’avènement d’une culture de bon sens, de rationalité, de dignité contre celle de prédation, d’exclusion et de haine bête et irrationnelle de tout homme de bon sens, qui sévit malheureusement chez trop d’haïtiens. Vive la libération des complexés totalement abêtis et arriérés! Vive une révolution culturelle du relèvement.
Moi, je dis que les racines de l’ingouvernance haïtienne et de la culpabilité des élites est même en deçà des données scientifiques statistiques, car elle est dans l’empirie immédiate, invasive de la saleté des rues; elle est puante et pathogène dans les amas d’ordures toxiques encombrant les boulevards et avenues de Port-au-Prince; elle est énervante et répugnante dans l’invasion anarchique des bataclans de marchands partout sur les trottoirs, elle est désarmante et révoltante dans le désoeuvrement pitoyable des cohues abandonnées à leur chaos! Elle est stupide, aliénante dans la satisfaction aliénée de nos arrivés arrivistes. Elle est dans la crise sécuritaire financée et maintenue par quelques riches crapules qui arment la racaille des gangs et font des masses, des foules autant agressées qu’agressives, grouillantes dans la misère innommable d’Haïti! Et, sans une purification nationale, sans une catharsis globale mentale et comportementale, sans une révolution culturelle comme refondation de la mentalité, il n’y a et n’y aura jamais que des sortes de François et Jean-Claude Duvalier, des Aristide-Préval et des Voltaire, ce dernier avec son CPT abject de corrompus répugnants, des Gérard Latortue, des Ariel Henry, un amas de responsables irresponsables qui se renouvellent sous d’autres noms, simples moins que rien monstrueux, sinistres visages sous-animaux de la pourriture mentale, de cette salissure totale devenue réflexe politique et orchestration culturelle se perpétuant depuis 200 ans! Une culture d’infamie et d’autodestruction ravageant une société qu’elle façonne pour la décomposition permanente en triturant et en égrugeant le pays qu’elle voue à la disparition…
CAMILLE LOTY MALEBRANCHE
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