13 octobre 2025
Radio-Canada | La situation en Haïti ne s’améliore pas, malgré la mission internationale
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Radio-Canada | La situation en Haïti ne s’améliore pas, malgré la mission internationale

Le nouveau premier ministre intérimaire, Alix Didier Fils-Aimé, se retrouve devant une redoutable mission : résoudre une crise en apparence insoluble.

Malgré l’arrivée d’une force de police kényane en Haïti, la situation sécuritaire dans ce petit pays des Antilles ne montre aucun signe d’amélioration. Le chaos grandissant atteint des proportions alarmantes, témoignant de l’incapacité des autorités à restaurer l’ordre face à la domination des gangs.

Le principal aéroport du pays a été fermé après que des groupes criminels eurent ouvert le feu sur des avions commerciaux à la mi-novembre. Ces bandes armées, renforcées par les divisions politiques qui ont conduit au congédiement soudain du Premier ministre, s’attaquent désormais à des quartiers autrefois paisibles pour étendre leur emprise sur l’ensemble de Port-au-Prince. Cette montée en puissance coïncide avec la nomination d’Alix Didier Fils-Aimé comme Premier ministre intérimaire, confronté à une mission presque impossible : résoudre une crise jugée insoluble par de nombreux experts.

Un contexte d’insécurité sans précédent

Pour des observateurs comme Robert Fatton, spécialiste de la politique haïtienne à l’Université de Virginie, la crise actuelle dépasse toutes les épreuves traversées par Haïti depuis son indépendance. Les gangs contrôlent désormais 85 % de la capitale, une réalité amplifiée par l’inefficacité gouvernementale et le sous-financement de la mission de l’ONU. Ce constat sombre a été aggravé mercredi dernier par le retrait de Médecins sans frontières (MSF), une organisation humanitaire présente en Haïti depuis 30 ans, qui a dénoncé les attaques de la police contre son personnel et ses patients.

« La situation est en train de s’effondrer », déplore Robert Fatton. « Il n’y a plus d’autorités fonctionnelles en Haïti. »

La mission kényane : un début insuffisant

Face à l’escalade dramatique de la violence, la communauté internationale tente de renforcer la mission dirigée par le Kenya, bien que celle-ci reste à un stade embryonnaire. Selon l’ambassadeur du Canada en Haïti, André François Giroux, moins de 400 policiers kényans sont actuellement déployés, un chiffre bien en deçà des 2 500 nécessaires pour sécuriser le pays. Giroux reste optimiste quant à l’arrivée prochaine de 600 agents supplémentaires, tout en soulignant que cela ne suffira pas sans une unité politique parmi les dirigeants haïtiens.

« Tout cela sera vain si l’élite politique ne travaille pas ensemble », a-t-il averti.

Cependant, l’élite politique elle-même est entachée de scandales. Les neuf membres du Conseil présidentiel de transition, critiqués pour corruption et divisions internes, font face à des accusations compromettantes, alimentant davantage la méfiance et l’instabilité.

Résistance populaire et défis de gouvernance

Dans ce climat d’anarchie, la population de Port-au-Prince a tenté de résister par ses propres moyens. Lors d’une attaque avant l’aube contre un quartier huppé de la capitale, des habitants ont rejoint les forces de police, armés de machettes et de fusils, pour repousser les assaillants. L’affrontement s’est soldé par la mort de 28 agresseurs, mais a révélé une nouvelle réalité : même les zones les plus sécurisées ne le sont plus. Un hôtel de luxe, autrefois un symbole de refuge, a été infiltré.

En réponse, le cabinet du Premier ministre a formé un comité spécial sur la sécurité et annoncé des mesures pour améliorer la sécurité dans les principales rues de la capitale. Cependant, ces efforts paraissent minimes face à l’ampleur du problème.

Quelles solutions pour Haïti ?

Alors que la situation continue de se détériorer, des voix s’élèvent pour appeler à des solutions drastiques, allant jusqu’à envisager des négociations avec les gangs. Une option qui, bien que jugée inacceptable pour l’instant, pourrait devenir inévitable si l’État haïtien reste incapable de rétablir son autorité.

Comme l’a souligné Miroslav Jenca, sous-secrétaire général de l’ONU, « ce n’est pas une nouvelle vague d’insécurité. C’est une escalade dramatique qui ne montre aucun signe d’atténuation. »

Le temps presse pour Haïti. Alors que la communauté internationale débat sur l’envoi d’une force de maintien de la paix, la Russie et la Chine s’y opposent fermement, laissant le pays pris au piège de sa propre instabilité. Dans ce contexte, l’avenir d’Haïti dépend autant des solutions proposées par ses partenaires internationaux que de la capacité de ses dirigeants à s’unir face à la crise.

source: Radio-Canada

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