Haïti, une nation qui porte fièrement l’inscription « L’Union fait la force » sur son drapeau, semble pourtant être piégée dans une dynamique contraire. Le pays ressemble de plus en plus à un panier de crabes, où chaque individu, au lieu de s’entraider pour sortir du piège, lutte contre l’autre pour y prendre la place. Cette image saisissante illustre une réalité préoccupante qui s’étend bien au-delà des frontières visibles de la société haïtienne.
Dans chaque recoin du pays, des tensions, des rivalités et des comportements destructeurs prennent le dessus. Que ce soit au sein des familles, dans les écoles, sur les marchés, dans les rues ou au sommet du pouvoir, l’absence de solidarité et de vision commune semble dominer. La recherche du bien-être collectif s’efface derrière des désirs égoïstes, où la course à la domination et à l’accumulation des ressources prévaut. Au lieu de se rassembler autour d’un projet national fort et porteur d’espoir, c’est la zizanie qui règne. L’envie, la haine et une soif insatiable de pouvoir et de richesse, souvent entre petits clans, freinent tout développement.
Les crises successives ont fragilisé les fondations de l’État haïtien, et les institutions censées incarner l’unité et la stabilité peinent à offrir une gouvernance efficace et juste. La confiance entre les citoyens et les dirigeants s’est érodée, et le sentiment d’appartenance à une nation unie s’amenuise. Si l’unité semblait autrefois être un idéal national, elle est aujourd’hui remplacée par une lutte incessante, où chaque groupe cherche à tirer son épingle du jeu au détriment du bien-être général.
Ce comportement, bien ancré dans la culture politique et sociale du pays, a des conséquences dramatiques sur la cohésion sociale et le développement économique. Au lieu de bâtir ensemble un avenir commun, Haïti semble se consumer dans un cercle vicieux d’affrontements internes, de conflits d’intérêts et de désunion. Le « panier de crabes » haïtien n’est pas qu’une métaphore ; il est le reflet de l’absence de vision collective et de la incapacité à dépasser les fractures sociales et politiques.
Il est urgent que les Haïtiens prennent conscience de ce piège collectif et qu’ils réapprennent à œuvrer ensemble. L’histoire du pays regorge de moments où, dans l’adversité, l’unité a été leur force. Il est temps de raviver cet esprit de solidarité, de dépasser les divisions et de se tourner vers un projet national qui bénéficie à tous. Haïti ne pourra sortir de cette impasse que si ses citoyens choisissent de se tendre la main, plutôt que de se tirer dans les pattes.
Nicole Théodore