3 décembre 2024
L’autorité fragmentée du CPT : que révèle l’intervention de Voltaire entouré des « braqueurs de la BNC » ?
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L’autorité fragmentée du CPT : que révèle l’intervention de Voltaire entouré des « braqueurs de la BNC » ?

Billet de la Rédaction

Les non-dits de l’intervention de Leslie Voltaire : quand le Conseil Présidentiel de Transition perd l’autonomie de ses décisions

L’intervention du Président du Conseil Présidentiel de Transition (CPT), M. Leslie Voltaire, le 25 octobre 2024, a offert une vitrine révélatrice des tensions sous-jacentes et des dynamiques de pouvoir qui régissent actuellement la transition haïtienne. En choisissant de concentrer son allocution sur les défis sécuritaires, tout en esquivant ostensiblement le sujet d’un remaniement ministériel lui tenant à cœur, Voltaire a non seulement confirmé la profondeur sous-jacente de la crise sécuritaire en Haïti, mais a aussi laissé entrevoir des limitations notables dans sa capacité de décision. Selon certains analystes, cette intervention renforce l’idée que les leviers véritables de cette transition échappent au contrôle direct de son président, exposant un Conseil marqué par des alliances et des compromis plus complexes qu’il n’y paraît.

Le contexte de cette intervention ne manque pas d’ambiguïtés et de hardiesse : en présence de huit des neuf membres du CPT, parmi lesquels trois personnalités associées à des accusations de braquages bancaires, – voir rapport de l’ULCC – Voltaire a choisi d’adopter un discours sobre et distant des questions les plus délicates. Pourtant, cette mise en scène maladroite, couplée au fait que la composition du CPT ait été mentionnée plus tôt dans la semaine lors d’une session du Conseil de Sécurité des Nations Unies, interroge sur la légitimité morale et politique d’un Conseil censé incarner le renouveau institutionnel du pays sans aucun dirigeant légitime.

La crédibilité d’un organe de transition devient problématique lorsque sa composition même remet en cause les principes fondamentaux de transparence et de justice. La présence de personnalités de renom au sein de ce conseil envoie des signaux ambigus à une population qui cherche à restaurer la confiance institutionnelle. La scène décrite le 25 octobre dernier génère donc des interrogations importantes : la sécurité, présentée comme une priorité, cache-t-elle une autonomie réellement compromise ?

La question de l’autonomie prend d’autant plus de relief que M. Voltaire a délibérément choisi de ne pas évoquer le sujet d’un remaniement ministériel, sujet qui suscite de fortes attentes auprès des milieux politiques et diplomatiques. En diplomatie, la retenue peut être un outil stratégique, mais dans cette situation particulière, elle vient s’imposer, suggérant que les contours de cette transition ne sont pas exclusivement dessinés par les membres du Conseil. Le manque de clarté concernant les réformes attendues après environ six (6) mois, pourrait ainsi indiquer l’influence croissante d’acteurs extérieurs aux institutions officielles de la transition. Le silence apparent de M. Voltaire pourrait donc refléter une réalité où les compromis politiques sont imposés, les forces internationales exerçant une pression considérable sur les processus décisionnels locaux.

La communauté internationale, observatrice prudente des dynamiques haïtiennes, pourrait interpréter cette composition du CPT comme une preuve des pressions exercées par les réseaux d’influence locaux et des besoins de compromis pour assurer un semblant de stabilité. La question demeure donc : dans quelle mesure Voltaire et ses conseillers contrôlent-ils réellement l’agenda de cette transition ? Et, plus fondamentalement, quelles seront les répercussions diplomatiques de l’association du CPT avec des conseillers sous le coup d’accusations sérieuses ?

Ainsi, dans un contexte où les questions de sécurité persistent, le rôle de la diplomatie internationale doit impérativement être plus proactif afin non seulement d’aider à assurer véritablement la stabilité institutionnelle, mais aussi d’établir la transparence indispensable au sein du processus de transition. Néanmoins, tant que les dynamiques internes ne permettront pas de clarifier la véritable autonomie du Conseil Présidentiel de Transition (CPT) vis-à-vis des instances influentes et des pressions politiques, l’avenir de la transition haïtienne restera imprévisible. En somme, la réalisation des objectifs de cette transition dépend non seulement de l’engagement des acteurs locaux, mais aussi de la capacité de la communauté internationale à promouvoir un cadre d’action qui valorise l’autonomie politique tout en garantissant les principes de bonne gouvernance, ce qui fait actuellement défaut. « Pa gen benyen toutouni kache lonbrit ».

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