Haïti 2024 : L’affrontement des esclaves domestiques
Une bataille de marionnettes : le CPT et Garry Conille face à la crise haïtienne
Depuis plus de trois ans, Haïti est en proie à une crise sécuritaire alarmante. La situation est marquée par une recrudescence de violences : enlèvements contre rançon, viols, massacres, pillages suivis d’incendies criminels de maisons, d’entreprises privées et de bâtiments publics ; zones entières contrôlées par les gangs, appelées « territoires perdus » ; postes de péage sur les routes ; implication des gangs dans le trafic d’organes. Dans ce contexte politique fragile, neuf présidents du Conseil Présidentiel de Transition (CPT), pour la plupart des braqueurs de banque nationale et trafiquants d’influence, s’affrontent avec Garry Conille, chef de gouvernement, brasseur d’affaires à la CIRH, proche du clan Clinton.
Faisons le portrait de ces deux belligérants anti-Haïti.
Le Conseil Présidentiel de Transition (CPT) est une structure mise en place par le Core Group, les États-Unis en tête, à travers leur relais la CARICOM, pour assurer une stabilité politique de façade et faciliter une transition vers des élections selon les modalités habituelles. Ses membres acceptent la prépondérante influence des institutions de Bretton Woods sur les politiques sociales, les projets de « développement du sous-développement » et les réformes institutionnelles génératrices de chaos. Tous sont soumis aux conditionnalités de l’aide internationale, transformant ainsi le pays en un simple exécutant des décisions prises à Washington ou à New York. Loin d’être une institution souveraine, le CPT fonctionne sous la supervision de l’ambassade américaine, faisant de lui un outil d’asservissement politique.
Le Premier ministre Garry Conille est une figure emblématique de la « tutelle internationale ». Ancien conseiller spécial des Nations Unies, il a été placé à la tête du gouvernement haïtien sous l’influence des puissances occidentales, principalement les États-Unis et la France. Sa mission consiste à accélérer le chaos instauré par ses prédécesseurs. Déconnecté des véritables aspirations du peuple haïtien, cette cécité lui permet d’agir sans souci.
Ces deux groupes d’« esclaves domestiques », pantins manipulés et subordonnés aux intérêts extérieurs, agissent au détriment des besoins de la population haïtienne. Ils ne divergent ni sur les interventions militaires, ni sur la gangstérisation, ni sur l’imposition des réformes économiques, ni sur la gestion directe des affaires internes par des puissances étrangères. Cependant, ils sont diamétralement opposés concernant les privilèges de la représentation d’Haïti sur la scène internationale. Pour preuve, leurs différends remontent à la participation d’Haïti à la 179e Assemblée Générale des Nations Unies.
Qui aurait cru à ce spectacle, à un moment où la quête de stabilité dans une Haïti en proie à des crises récurrentes devrait être l’unique préoccupation de ces dirigeants. Les présidents du CPT semblent avoir oublié la célérité avec laquelle ils avaient choisi Garry Conille, écartant sans explication des postulants issus des différentes formations politiques qu’ils représentent. Les rumeurs abondent, évoquant non seulement une injonction des puissances extérieures, mais aussi des sommes d’argent colossales ayant circulé pour obtenir ce consensus honteux. Quelle tristesse !
Ainsi, le conflit entre le CPT et Garry Conille ne doit pas être vu comme une querelle politique, mais plutôt comme le symptôme d’une crise de souveraineté plus profonde qui secoue Haïti depuis des décennies. Les dirigeants haïtiens se disputent le titre de meilleur « restavèk du blanc ». Ce comportement réduit progressivement Haïti à un état de dépendance quasi-coloniale.
La question centrale à poser :
Comment notre pays peut-il retrouver sa souveraineté et sa dignité dans un contexte où même ses dirigeants les plus haut placés servent des intérêts internationaux ? Sortir de ce bourbier nécessite la mise en place de cellules d’éducation politique, économique, environnementale, sociale et culturelle, avec pour objectif l’organisation et la construction d’un Grand Mouvement Patriotique de Libération Nationale. Ce mouvement devra œuvrer pour l’affirmation et l’instauration d’une politique économique et sociale indépendante, en rupture avec les injonctions extérieures.
Grand Pré, 23 octobre 2024
Hugue Célestin
Membre de la Fédération des Mouvements Démocratiques de Katye Moren (FEMODEK)
Membre de l’Initiative Patriotique de Maryen (IPAM)
Membre de l’Effort et Solidarité pour la Construction d’Alternatives Nationales Populaires (ESKANP)