Le responsable sortant de la Direction départementale de l’Artibonite de la Police nationale d’Haïti (DDA/PNH), le commissaire divisionnaire Paul-Ménard Jean-Louis confie s’être opposé à un mouvement de rébellion dans le Commissariat Toussait Louverture, avant l’installation du nouveau responsable départemental de la PNH, le commissaire divisionnaire Caleb Exantus. Néanmoins, il concède éprouver une certaine amertume en raison des conditions dans lesquelles il a été remplacé de la chaine de commandement de la PNH dans l’Artibonite.
Avant sa dernière communication avec la presse sur la Place d’armes des Gonaïves, le commissaire divisionnaire Paul Ménard Jean-Louis a procédé dimanche à la mise en berne du drapeau national qui flottait de son mât dans le Commissariat Toussaint Louverture en signe de solidarité aux victimes de la terreur des gangs dans l’Artibonite. Accompagné d’une dizaine de policiers encagoulés, le chef sortant de la DDA, devant un parterre de journalistes s’est exprimé sur la tuerie à l’aveugle perpétrée dans la nuit du jeudi à vendredi par le gang « Gran-Grif » à Pont-Sondé. Pour lui, ce dernier épisode macabre
Bien avant le massacre, Paul-Ménard Jean-Louis révèle avoir été en mission à Port-au-Prince pour planifier l’expédition des équipements dans l’optique de conduire des opérations dans les fiefs des gangs « Gran-Grif » et « Kokorat san ras », actifs dans l’Artibonite. Quelques heures après le carnage ayant fait plus de 70 morts, plusieurs blindés et personnel renforcé ont quitté Port-au-Prince pour prendre la route nationale numéro un en direction de l’Artibonite dans l’objectif de déloger les groupes criminels, confie l’ancien responsable du Corps d’intervention de maintien d’ordre (CIMO).
La PNH, institution républicaine, tente pour le mieux de tirer son épingle du jeu dans la nébuleuse sécuritaire qui frappe le pays depuis plusieurs années, tente de justifier l’ancien directeur départemental de la PNH dans la Grand’Anse. Concernant l’Artibonite, son remplacement a été mal perçu compte d’un processus en progression devant mettre en déroute les gangs. Plusieurs policiers et membres de la société civile aux Gonaïves mécontents de la décision du commandant en chef Rameau Normil d’écarter Paul-Ménard Jean-Louis de la DDA envisageaient de boycotter l’installation de Caleb Exantus, remplaçant de directeur sortant. Cependant, Paul-Ménard Jean-Louis rappelle avoir tranquillisé les protestataires.
Dans sa dernière ligne droite de son passage dans l’Artibonite, Paul-Ménard Jean-Louis justifie sa présence sur la Place d’armes pour ruminer son exaspération. Il dénonce des « bluffeurs », qui se sont montrés intrépides à l’idée d’affronter les gangs à Croix-Périsse. Il revendique son courage de défier l’impossible tout en contestant le qualificatif de « bluffer » attribué par certains observateurs aux Gonaïves.
Avec la gorge nouée, le commissaire divisionnaire Paul-Ménard Jean-Louis concède avoir hérité l’institution policière de deux drames qui entachent son parcours de 29 ans au sein de la PNH. La tragédie du 12 mars 2021 survenue à Village-de-Dieu ayant couté la vie à 6 policiers pendant qu’il était directeur départemental de l’Ouest de la PNH (DDO/PNH) et le massacre de Pont-Sondé ayant fait plus de 70 morts pendant qu’il était DDA.
Hervé Noel